La dette et le profil
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 9 janvier 2016 10:39
- Écrit par Claude Séné
Le parquet a fait appel de la décision de remise en liberté conditionnelle de Patrick Henry, condamné à la perpétuité pour le meurtre du petit Philippe Bertrand, âgé de 7 ans, qui avait échappé de justesse à la peine de mort, encore en vigueur à l’époque de son procès. Nous saurons dans deux mois au plus tard si la société donne une nouvelle chance à cet homme, qui a déjà bénéficié d’une mesure similaire et l’a gaspillée en commettant de nouveaux délits qui l’ont conduit à retourner purger sa peine et à être condamné à nouveau pour vol et trafic de stupéfiants.
Patrick Henry est un cas. Un cas désespérant. Il a eu la chance d’être défendu par Robert Badinter, qui en a fait le symbole du combat contre la peine de mort, qu’il fera abolir quelques années plus tard après l’accession au pouvoir de François Mitterrand. Il avait lui-même déclaré qu’à son avis le meurtrier d’un enfant méritait la peine capitale, alors qu’il niait être l’auteur de ce crime odieux. Et c’est là toute la base de son raisonnement concernant la loi. C’est un donnant donnant : tu enfreins la loi, tu cours le risque d’être condamné, tu payes, en argent ou en temps de privation de liberté, et tu es quitte. Sauf que c’est nier totalement le préjudice moral infligé aux victimes, totalement irréparable, qu’aucune compensation financière ou autre ne saurait abolir.
Patrick Henry a été un détenu modèle. Il a passé de nombreux examens en prison, jusqu’à un DUT en informatique, lui qui avait arrêté ses études en 5e. À 62 ans, il a passé près de 40 ans en détention, sans incident avec les autres détenus ou les surveillants. Il considère qu’il a droit à la disposition qui prévoit une possible sortie conditionnelle et qu’il a payé sa dette envers la société. Tous les tenants de la réinsertion, dont je suis, sont mis en porte-à-faux par son attitude, qui semble démontrer qu’il n’a rien compris. Lors de sa première libération conditionnelle il a tenté de faire éditer un livre d’auto justification, se présentant comme un modèle de réinsertion, quand tout aurait dû le pousser à faire profil bas. Cette fois-ci, il laisse son avocate s’exprimer, mais elle reprend son discours, en se réjouissant sans retenue de la nouvelle chance qui serait donnée à son client. Le combat pour la justice aurait mérité meilleur porte-drapeau.