École : le fond et l’uniforme
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 13 décembre 2023 11:17
- Écrit par Claude Séné
L’école est au centre de préoccupations diverses en ce moment. Au collège Jacques-Cartier d’Issou en région parisienne, c’est un tableau, représentant des femmes nues dans une scène mythologique, qui a déclenché une polémique, certains élèves de 6e de religion musulmane s’étant déclarés choqués. Des rumeurs d’islamophobie ont circulé sur la prof de français, rappelant fâcheusement le précédent du meurtre de Samuel Paty, accusé à tort de motivations militantes contre la religion musulmane. On ne peut que constater que les interprétations littérales des traditions religieuses entrent en conflit avec l’étude objective des évènements historiques et des phénomènes culturels dans une société donnée.
La représentation des êtres humains, à plus forte raison s’ils sont nus, est proscrite par une partie des musulmans, a fortiori s’agissant du prophète, comme on l’a vu avec les affaires de caricatures de Mahomet. L’école publique reste encore un lieu de laïcité, aussi bien sur l’apparence, avec l’interdiction de signes ostentatoires religieux, que sur le contenu de l’enseignement, défini en dehors de tout endoctrinement, religieux ou non. Paradoxalement, les familles musulmanes choisissent souvent de mettre leurs enfants dans des établissements catholiques, non pas pour y suivre un enseignement spécifiquement religieux, naturellement, mais pour une réputation de plus grande discipline. Il existe très peu d’établissements se réclamant explicitement de la religion musulmane. L’un d’entre eux, le Lycée Averroès de Lille, vient de perdre le bénéfice du contrat d’association passé avec l’état, lui ouvrant le financement public des postes d’enseignants, en échange d’une neutralité idéologique et l’application des programmes nationaux de l’éducation. La direction de l’établissement est en effet suspectée d’entretenir des relations étroites avec les Frères musulmans, une branche intégriste de l’Islam.
Et c’est dans ce contexte préoccupant que le ministre de l’Éducation vient d’annoncer la mise en place d’une expérimentation sur le port éventuel de l’uniforme à l’école. Franchement ! vous êtes sérieux, là, Monsieur Attal ? C’est vraiment le moment de ressortir les vieilles idées pour tenter de les recycler ? L’alibi courant de ce genre de mesure, ce serait évidemment de faire disparaitre les marqueurs sociaux liés aux vêtements, comme si l’origine des enfants ne transparaissait pas dans de multiples signes, parfois discrets, ou même évidents. Il faudra aussi interdire aux enfants de parler entre eux, de peur que ne transparaissent les différences sociales masquées théoriquement par une tenue identique. Le meilleur moyen de ne pas montrer de différences de statut afin de ne pas stigmatiser les élèves issus de milieux sociaux défavorisés serait évidemment de diminuer drastiquement les inégalités réelles en s’attaquant par exemple au resserrement de l’échelle des rémunérations, scandaleusement trop ouverte actuellement. Mais je prends les paris. Cette disposition cosmétique fera long feu, comme beaucoup de gadgets de ce gouvernement.
Commentaires
je ne donne pas cher de la mesure de l'uniforme face à des ados pour qui le choix de la tenue vestimentaire pour se démarquer est essentielle. ils trouveront des parades
pauvre ministre rétrograde