Populisme à tous les étages
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 20 novembre 2023 10:55
- Écrit par Claude Séné
Autrefois, pour vanter la qualité d’un immeuble, on utilisait volontiers la formule « eau et gaz à tous les étages », un gage de l’excellence du confort délivré dans les appartements concernés. Dans l’actualité, je retiendrai quelques évènements qui me semblent démontrer que le populisme, en France comme à l’étranger, a plus que jamais le vent en poupe. A tout seigneur, tout honneur, commençons par la victoire, inattendue dans son ampleur, du candidat ultra libéral Javier Milei, élu largement à la présidence argentine avec plus de 55 % des suffrages. « C’est une nuit historique pour l’Argentine », a-t-il déclaré.
J’ai bien peur qu’il ait raison. Milei a reçu les félicitations chaleureuses de Donald Trump, son mentor, et de Jair Bolsonaro, que les Brésiliens ont fini par chasser du pouvoir, non sans qu’il ait fait du dégât, notamment sur la forêt amazonienne. Le problème avec ces apprentis dictateurs, comme avec les confirmés, c’est qu’ils prennent prétexte et argument de l’onction du suffrage universel pour justifier leurs politiques contestables. Ils prétendent agir au nom d’un peuple dont ils ne sont généralement pas issus, pour mettre en œuvre leurs propres idées, tout en flattant les instincts les moins avouables. Le nouveau président argentin se définit lui-même comme « anarcho-capitaliste » et « antisystème ». Il emploie un langage cru, et une intonation martiale, qui m’évoque personnellement celui d’un certain Adolf Hitler. Il met en avant des rêves de gloire pour son pays tout en voulant supprimer les aides sociales, et les électeurs abusés lui font confiance, au moins pour le moment.
De son côté, le maire de Fréjus, David Rachline, numéro trois du Rassemblement national, doit faire face à des accusations de corruption, révélées par un livre de Camille Vigogne, journaliste à l’Obs, intitulé « les rapaces ». Il est beaucoup question de valises et d’argent liquide dans cette enquête sur ce que l’auteure appelle la mafia varoise, et la défense du Rassemblement national consiste principalement à tout justifier par la réélection du maire. On a déjà connu des exemples dans un passé récent, d’élus constamment confirmés par le suffrage universel et condamnés à plusieurs reprises par la justice. Et ce n’est pourtant pas, déjà, une sinécure. Les personnages les plus sulfureux sont généralement les mieux entourés et conseillés pour exploiter et utiliser tous les recours possibles pour faire traîner en longueur les procédures dont ils sont l’objet. C’est ainsi que Bernard Laporte, ancien ministre, ancien dirigeant des instances du rugby français, condamné en première instance pour corruption en 2022, mis en cause dans une autre affaire de blanchiment de fraude fiscale, a pu tranquillement prendre la tête du club de Montpellier Héraut Rugby. « Mon retour agace les cons ! » dit-il. Dans ce cas précis, c’est un honneur. C’est la canaille ? Et bien j’en suis !