Un jour sur trois

C’est le terrible constat concernant les violences faites aux femmes, qui ont entraîné leur mort en 2022. Tous les trois jours environ, une femme meurt sous les coups d’un conjoint, d’un compagnon ou d’un ex, sans que cela suscite d’émotion particulière, hormis dans quelques cas emblématiques, notamment quand c’est la femme qui se rebiffe et que c’est le bourreau qui devient exceptionnellement victime. Et cependant, le président de la République avait affirmé qu’il ferait de cette lutte la priorité de son quinquennat. Malgré ces déclarations d’intention, 104 femmes ont succombé au cours de l’année 2022.

Encore récemment, une femme a été tuée par son ex-compagnon alors qu’elle avait porté plainte à deux reprises. Dans un autre cas, le meurtrier avait déjà purgé une condamnation après l’assassinat de sa précédente femme. On ne peut pas se satisfaire d’une telle situation. Et pourtant, Isabelle Rome, secrétaire d’État à l’égalité femmes-hommes, dont j’ignorais jusqu’à l’existence depuis sa nomination en mai dernier, a trouvé le moyen de vanter son bilan et les « progrès » enregistrés. De qui se moque-t-elle ? Un exemple entre mille. La ministre se félicite de la mise en service de 4 000 téléphones dits « grave danger » alors que l’Espagne, moins peuplée, mais plus sensibilisée à la question, en compte 15 000. Tout reste à faire, depuis l’aménagement des gendarmeries ou des commissariats pour l’accueil des femmes désirant déposer plainte auprès de fonctionnaires correctement sensibilisés et formés, jusqu’au traitement judiciaire par des magistrats spécialisés et bien informés de ces problématiques. Au même titre que le reste de l’appareil policier et judiciaire, il faut accélérer le traitement en recrutant le personnel nécessaire, afin de protéger les victimes potentielles et éviter le plus possible ces drames.

Car des solutions existent, et la fatalité a bon dos. Encore faut-il empoigner la question avec une volonté réelle de la résoudre en étant prêt à y consacrer le budget nécessaire. Des pays comme l’Espagne et l’Italie sont très en avance sur nous et leur politique commence à donner des résultats. En Espagne notamment, un fichier recense les victimes et permet de faire des rapprochements avec des affaires précédentes. Lors de la prise de plainte, on peut ainsi savoir si l’agresseur potentiel a des antécédents et mieux évaluer le degré de dangerosité de la situation. Les autorités espagnoles estiment que ce système a fait baisser la récidive de 63 %. Il y a urgence. Depuis le début de l’année, 27 femmes dont 2 le week-end dernier sont tombées sous les coups de leurs conjoints ou ex-conjoints. Et l’on n’a pas vraiment abordé la question des enfants, victimes directes ou collatérales, ni la prise en charge des hommes violents pour éviter les récidives. Et la ministre ose lancer la mise en place d’un « pack nouveau départ » pour accompagner les femmes contraintes de déménager, sans rien résoudre sur le fond.