En toute discrétion
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 2 novembre 2022 11:04
- Écrit par Claude Séné
Avez-vous entendu parler de l’épidémie de bronchiolite qui touche la France depuis quelques semaines ? Non ? eh bien, rassurez-vous, il semble que le ministre de la Santé lui-même n’a été alerté que très récemment de la gravité de la situation. Il aura fallu attendre que François Braun fasse le déplacement à l’hôpital Necker à Paris pour que le gouvernement semble prendre conscience de l’insuffisance notoire des moyens dans le secteur de la pédiatrie en France. La situation est particulièrement difficile en Île-de-France, où 31 enfants ont dû être transférés ailleurs, faute de place et de personnel.
Mais c’est le secteur tout entier qui est débordé, et la pédiatrie n’est qu’une partie des difficultés rencontrées par l’ensemble du système hospitalier. Le ministre a programmé en catastrophe une réunion ce mercredi pour discuter de « l’avenir de la filière de la pédiatrie » et a rappelé qu’une enveloppe de 150 millions a été promise pour aider les services hospitaliers. C’est grotesque. Bien sûr que l’hôpital a besoin d’argent pour ouvrir ou maintenir des lits et payer le personnel qui les fait fonctionner. Mais ce n’est pas en embauchant à prix d’or quelques intérimaires que l’on va résoudre la crise des vocations, dénoncent les professionnels eux-mêmes. D’ailleurs, Mélodie Aubart, neuropédiatre à Necker, veut rencontrer le Président de la république pour obtenir des engagements rapides et durables, déjà réclamés par un collectif de 7000 pédiatres le 22 octobre dernier.
L’épidémie de bronchiolite se produit tous les ans et cette année, elle touche un système hospitalier déjà fragilisé par les conséquences du Covid, où le personnel est épuisé par des conditions de travail indignes de notre pays. Quand une infirmière doit prodiguer seule des soins à 16 enfants malades pendant une garde de nuit, elle ne peut pas faire son travail correctement. Les hôpitaux ne sont pas dimensionnés pour faire face à des pics épidémiques, en pédiatrie comme ailleurs, par exemple aux urgences. Le plan blanc, qui consiste notamment à déplacer une partie des patients « en surnombre » pour les prendre en charge ailleurs touche ses limites, seule la Corse n’est pas saturée actuellement. De plus, un transfert n’est pas sans risque pour le patient et mobilise beaucoup de moyens matériels et humains. Bref, le système est en train de craquer de partout. Le problème hospitalier se double de la crise de la médecine de ville, ou de famille, qui se traduit par des déserts médicaux, et des délais de consultation exorbitants dans certaines spécialités, tout en n’offrant pas des conditions minimales de fonctionnement aux personnels. On se dit qu’une situation aussi préoccupante devrait faire l’objet d’une réflexion et d’une consultation très large, aboutissant à une refonte structurelle et une revalorisation des métiers concernés. Une sorte de Grenelle, en somme. Ah ! on me dit que c’est déjà fait et que rien n’a changé !