Saloperie de soleil !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 27 octobre 2022 10:51
- Écrit par Claude Séné
Vous avez remarqué. Pas un journal télévisé sans son observation sur les températures anormalement élevées en France, présentées comme inquiétantes, voire catastrophiques. Au lieu de se réjouir comme il y a quelques années d’une arrière-saison propice aux bains de soleil et même aux bains de mer pour les plus courageux, les journalistes prennent des airs de circonstance, comme s’il était obscène de se réjouir d’un soleil tardif, et indécent de profiter d’un « été indien » célébré jadis par Joe Dassin en toute innocence. Nous avions déjà pu noter une timide évolution du vocabulaire au fil des années, quand il a commencé à être de bon ton de ne pas qualifier systématiquement de mauvais temps les pluies, certes gênantes pour les vacanciers, mais utiles et même indispensables à la végétation.
Le mouvement s’est amplifié et les phénomènes climatiques sont désormais interprétés à l’aune du dérèglement et du réchauffement de la planète. Cette observation intuitive tend à établir un lien de causalité entre l’activité humaine et les désordres qui semblent en découler. Presque plus personne n’ose mettre en doute le réchauffement que les COP successives ont mis en évidence depuis longtemps maintenant. Le climatosceptique est devenu un spécimen rare en dehors des fermiers du Midwest américain, votant Trump sans hésiter et croyant sur parole tous les bobards qu’il peut leur raconter. Ce point étant posé, la vérité scientifique oblige à préciser qu’on ne peut pas, en l’état actuel de la recherche, établir un lien de cause à effet direct entre ce réchauffement global et la survenue d’épisodes locaux tel que les tornades qui ont frappé récemment le nord de la France. Bien que non avérée, cette croyance est cependant salutaire si elle permet à l’opinion publique de prendre conscience de l’urgence à corriger la trajectoire, qui pourrait aboutir à un relèvement de 6 à 8 degrés en moyenne de la température mondiale, avec des pics et des épisodes beaucoup plus importants d’ici la fin du siècle.
Cette perspective à court et moyen terme vient à être percutée de plein fouet par la guerre en Ukraine, qui rebat les cartes d’un ordre mondial plus ou moins stable sur la question de l’énergie. Les énergies fossiles, que l’on envisageait de faire décliner progressivement, sont devenues un enjeu immédiat des luttes d’influence à l’échelle mondiale. Loin d’être abandonnées, elles font l’objet d’une surenchère mortifère, et leur utilisation va s’accélérer encore, et générer des profits colossaux, garantissant leur pérennité dans un monde régi par l’argent. À terme, les énergies renouvelables trouveront leur rentabilité, en regard d’une industrie pétrolière vieillissante dont les ressources finiront par s’épuiser, mais la transition promet d’être longue et difficile pour les populations, notamment dans les pays du Sud, les plus exposés au soleil, et aussi les plus pauvres.