Le maitre de l’humour noir
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 24 juillet 2022 10:54
- Écrit par L'invitée du dimanche
Né en 1939 à Pantin d’une famille d’enseignants, dont le père fera une carrière à l’étranger, Pierre Desproges passe une enfance sans problèmes. Son adolescence est ennuyeuse, il rejoint son père à l’étranger, Laos, Côte d’Ivoire, internat à Abidjan, où il rate son bac.
Il supporte très mal son service militaire et son départ en Algérie. Il déteste l’uniforme, l’encadrement trop strict, et déplore « ces 26 mois passés à faire des concours de pets en chambrée ».
Après des petits boulots de vendeur d’assurances vie, il rentre comme journaliste à l’Aurore pour la rubrique des chiens écrasés. Renvoyé puis réembauché, on lui propose une rubrique de brèves insolites.
Quand Françoise Sagan écrit au journal pour dire qu’elle ne l’achète que pour Pierre Desproges, son emploi est assuré. Il tient aussi une rubrique dans Charlie hebdo : « les étrangers sont nuls ».
Jacques Martin le remarque et l’embauche pour l’émission « le petit rapporteur », il enchaînera sur France Inter avec « le tribunal des flagrants délires », « la minute de Monsieur Cyclopède » où il joue avec l’absurde. Très introverti, il est doué pour l’écriture, il sait trouver des formules incisives souvent provocatrices, il écrit des chansons, des pamphlets, des poèmes, il ne montre ses écrits qu’à sa femme Hélène, la seule qu’il écoute, qui l’encourage à monter sur scène. C’est un grand bosseur, tous ses spectacles sont complètement écrits, c’est un anxieux qui se demande comment faire vivre sa famille s’il n’a plus d’idées.
Place à son humour grinçant.
L’adulte ne croit pas au père Noël. Il vote.
Je ne donnerai pas mes poux à Le Pen il serait capable de les torturer
L’homme n’est que poussière, c’est dire l’importance du plumeau
L’intelligence c’est comme les parachutes, quand on n’en a pas on s’écrase
Le jour de la mort de Brassens, j’ai pleuré comme un môme. Alors que c’est curieux, mais le jour de la mort de Tino Rossi j’ai repris deux fois des moules.
Dieu a divisé L’Humanité en deux parties, les juifs et les antisémites, je suis au milieu
40 personnes s’habillent comme un con, c’est l’Académie française. 1000 personnes s’habillent comme un con, c’est l’armée française.
La différence entre un névrosé et un psychotique : le névrosé sait que 2 et 2 font quatre, ça le rend malade, pour le psychotique, 2 et 2 font cinq et ça le satisfait.
Il interpelle souvent son public, « j’ai honte de m’exhiber devant un parterre de zozos rigolards même pas de mon milieu » et pourtant, voilà comment il termine son spectacle.
« L’auteur interprète, résume son spectacle, cri de haine désespérée où perce une certaine tendresse (avec 2 S pour les journalistes) il se demande ce qu’il fait là, le public aussi d’ailleurs, il s’en va d’un pas mal assuré en cachant tant bien que mal sous les dehors glacés d’un cynisme à la mode, la vraie joie qu’il a eue d’être avec vous ce soir… »
C’était un faux méchant, qui s’indignait devant la vulgarité et la bêtise, un misanthrope qui aimait les gens.
L’invitée du dimanche
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