Mieux que rien
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 23 juillet 2022 10:45
- Écrit par Claude Séné
C’est le raisonnement des députés du Rassemblement national qui a permis au gouvernement de faire adopter le projet de loi sur le pouvoir d’achat, bien qu’ils le considèrent comme très insuffisant. Difficile en effet de retourner voir ses électeurs en ayant voté contre des mesures de soutien à l’économie, toutes imparfaites qu’elles soient. Sans compter que le parti de Marine Le Pen compte bien profiter de sa présence en nombre à l’Assemblée nationale pour s’acheter à peu de frais un statut de parti « fréquentable » qui n’est pas dans l’opposition systématique, contrairement à l’alliance de la gauche, la NUPES, à qui l’extrême droite cède volontiers le flambeau de la contestation pour parfaire une image dédiabolisée, comme on le disait encore récemment.
Lorsque l’on interroge les Français sur un trottoir ou dans une station-service, la plupart considèrent effectivement qu’un geste, même minime, est toujours bon à prendre. Mais cette attitude plutôt bienveillante risque de ne pas résister longtemps à l’épreuve des faits. Prenons le prix du carburant par exemple. Il est actuellement très élevé, malgré la subvention de 18 centimes consentie par l’état, applicable dans tous les points de distribution, mais que le ministre de l’Économie voudrait progressivement abandonner. Plusieurs attitudes sont possibles. Continuer, voire amplifier cette ristourne, comme le souhaite la droite, avec un budget très conséquent, pour un résultat pas forcément si visible en cas de remontée des cours du baril de pétrole ? Ou bien cibler les bénéficiaires de ce budget, parmi les plus pauvres, ceux qui roulent le plus, ou les classes moyennes, celles qui votent encore ? Ou alors, limiter le prix à la pompe, en rognant sur les taxes, ou en imposant un blocage, voire en instituant une taxe sur les superprofits de groupes comme Total. La palette est large, mais les considérations tactiques risquent de prendre le pas sur l’intérêt des principaux concernés : les automobilistes.
Le constat est simple : l’inflation est et restera supérieure aux mesures de compensation envisagées par le gouvernement. Il s’agira donc de limiter la casse. La seule façon de s’en sortir pour les plus touchés serait évidemment une augmentation progressive des salaires, ce que le gouvernement et le MEDEF semblent vouloir éviter à tout prix. D’où le recours à des primes, à des chèques ponctuels, qui ne sont pas assujettis à des cotisations et appauvrissent en réalité les caisses chargées de la solidarité nationale, et, par voie de conséquences ceux qui en sont bénéficiaires. Ces cache-misère dissimulent mal des disparités énormes selon la bonne ou mauvaise santé des entreprises. Seuls les grands groupes pourront bénéficier de ce qu’on appelle abusivement les primes Macron, qui sont financées par les Français, car il faut bien, à un moment, payer pour le manque à gagner, si l’on veut résorber le déficit.