C’est celui qui dit…

Vous avez peut-être entendu parler d’une polémique minuscule au sujet d’un tweet de Mathilde Panot, présidente du groupe la France Insoumise à l’Assemblée nationale, qui critiquait Emmanuel Macron pour sa complaisance à l’égard de Pétain, et le fait qu’il y avait désormais 89 députés d’extrême droite. Tempête dans un verre d’eau dans le camp du président, qui fait feu de tout bois pour détourner l’attention de la perte de sa majorité absolue, mettant en scène une manœuvre politicienne en prétendant la dénoncer, sur le principe de la poutre et de la paille, et du « plus c’est gros, plus ça passe ».

Mais la palme est revenue au porte-parole du Rassemblement national, Sébastien Chenu, nommé récemment vice-président de l’Assemblée nationale, qui a répondu sur une chaîne d’information continue que Mathilde Panot était une « ignarde », et qu’elle ferait mieux de la fermer. Rappelons pour commencer que le mot « ignare », qui signifie ignorant, s’écrit et se prononce de la même façon au masculin comme au féminin, et que cette graphie « ignarde » est tout simplement fautive, et surprenante pour une personne supposée instruite. J’ai pensé au sketch de Coluche et de l’adjudant qui demandait : « on vous apprend donc rien à l’école ? » Ben, non, vous le sauriez si vous étiez allé. J’ai donc eu la curiosité de consulter la fiche Wikipédia de Sébastien Chenu pour connaître son parcours scolaire, et c’est apparemment un secret bien gardé. J’aurais pu acheter les renseignements auprès du Who’s who, mais mon dévouement à la Cause ne va pas jusque-là. Bref, j’ai dû me contenter d’une mention lapidaire : « diplômé de : Écoles des hautes études internationales et politiques ». J’ignore quelle est la qualité des enseignements dispensés dans ces établissements, mais ils font visiblement l’impasse sur la culture générale comme en témoigne Sébastien Chenu.

Néanmoins, je n’ai pas perdu mon temps, puisque j’ai appris que Sébastien Chenu avait fait ses classes dès 15 ans au Parti républicain et se réclamait d’un grand commis de l’état, Michel Poniatowski, proche de Pompidou puis de Giscard. Il militera ensuite au sein de l’UMP pour la cause des homosexuels en fondant une association dénommée « Gaylib », et il finira par rallier le rassemblement national qu’il avait combattu jusque-là. Puisque Sébastien Chenu se réfère volontiers à des arguments de cour de récréation, je lui retournerai le compliment qu’il a servi à Mathilde Panot, en lui rétorquant que c’est celui qui dit, qui y est, et que si lui-même ne maîtrise pas mieux la langue française, il ferait peut-être mieux de la fermer, jusqu’au moment où il aura choisi définitivement son positionnement politique, plutôt sinueux jusqu’à présent, car je n’ai pas mentionné ses offres de service à tous les camps susceptibles de le faire avancer dans une carrière déjà fournie selon les opportunités du moment. Un homme de conviction, donc, et même de plusieurs convictions successives.