Instrumentalisation
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 20 avril 2021 10:51
- Écrit par Claude Séné
Je reviens aujourd’hui sur ce qu’il est désormais convenu d’appeler « l’affaire Mia » du nom de cette petite fille de 8 ans enlevée à la garde de sa grand-mère maternelle pour le compte de sa propre mère qui voulait la récupérer. La mère et l’enfant ont donc été retrouvées dans un squat en Suisse, au grand soulagement des grands-parents paternels, qui se félicitent que Mia soit « saine et sauve ». Il m’apparait que depuis le début, avec le déclenchement de l’alerte enlèvement, les médias ont manipulé l’histoire pour la rendre encore plus spectaculaire, en la traitant comme un enlèvement crapuleux.
Dès l’origine, les enquêteurs ont soupçonné la maman d’être à l’origine de l’enlèvement, et ont exclu toute volonté de porter tort à Mia, dont on ignore totalement quelles sont ses relations avec sa mère. À aucun moment l’hypothèse de mauvais traitement n’a été évoquée, si ce n’est, en creux, celle de carence éducative ou de dévalorisation de l’école. Une affaire de kidnapping, c’est pain béni pour les chaînes d’information continue, bien aidées sur ce coup par les autorités judiciaires qui ont monté en épingle l’action « commando » du groupe complotiste hostile à l’autorité de l’état qui aurait mené l’opération avec une précision dite « militaire » sous prétexte d’un nom de code, « Lima », emprunté au vocabulaire de l’aviation. J’ai vraiment du mal à prendre au sérieux le caractère supposé terroriste de « bras cassés » qui se donnent des noms de guerre aussi terrifiants que « Pitchoun » ou « Jeannot ». Et voilà qu’à présent la presse a trouvé un bouc émissaire en la personne d’un personnage qualifié de gourou, un illuminé vivant en Malaisie, ancien membre du Modem, prônant le coup d’État contre le pouvoir français, qui aurait financé les 3000 euros nécessaires à l’enlèvement grâce à une cagnotte sur Internet.
Ça tombe à pic au moment où le président sortant lance sa campagne présidentielle axée sur la sécurité et le retour de l’autorité de l’état. Vous ne me ferez pas dire que c’est la preuve d’une conspiration mondiale pour espionner les honnêtes citoyens, puisque je pense précisément que ces délires complotistes font le jeu des institutions en leur donnant un bon prétexte pour conserver le pouvoir. Cette affaire m’en rappelle une autre, quand Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l’Intérieur, dénonçait les actes de « sabotage » des lignes TGV qu’elle attribuait sans preuve au « groupe de Tarnac », une communauté constituée autour de Julien Coupat. Une sombre affaire où les services secrets ont probablement manipulé tout le monde grâce à de petits arrangements avec la réalité des faits. Commencée en 2008, elle s’éteindra de sa plus belle mort en 2018 quand les chefs d’accusation tomberont les uns après les autres, pour ne laisser qu’un refus de prélèvement ADN, totalement dérisoire.