La grogne à bas bruit
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 26 janvier 2021 10:13
- Écrit par Claude Séné
La pandémie a beau occuper la presque totalité de l’espace médiatique, elle ne peut pas masquer les problèmes qui existaient auparavant et qui ne sont toujours pas réglés, quand ils ne sont pas aggravés par les circonstances sanitaires. C’est donc aujourd’hui une sorte d’aboutissement d’un conflit larvé qui va mobiliser des acteurs de la vie scolaire à travers une grève et des manifestations à Paris et dans tout le pays. Cela faisait longtemps qu’une action unitaire n’avait pas rassemblé autant d’organisations. Les principaux syndicats enseignants y participeront, ainsi que les organisations étudiantes et lycéennes, les infirmières scolaires, les parents d’élèves, etc.
Le covid 19 a jusqu’ici fait office d’anesthésiant, le gouvernement l’instrumentalisant pour faire taire toute opposition qui menacerait son monopole de décision. Mais le temps de la résignation semble être de plus en plus fragile et la population pourrait ne plus se contenter de bonnes paroles présidentielles ou ministérielles. Le mécontentement monte et la gestion de la crise sanitaire et sociale commence à être remise en question. Les Français interrogés dans la rue sont raisonnables. Ils acceptent l’idée de restrictions des libertés, à condition qu’elles soient efficaces. Et l’impéritie de l’état commence à se voir très nettement et entame sérieusement le reste de confiance dans les institutions. Concernant le Grenelle de l’éducation, qui doit s’achever en février, il est fort à craindre qu’il se solde comme ses homologues, le Beauvau de la sécurité, le Ségur de la Santé ou la convention citoyenne sur l’environnement, par un grand brassage d’air non suivi d’effets.
Si j’ai bien tout compris, le point d’achoppement du plan d’Emmanuel Macron pour faire face à la montée de la recrudescence de l’épidémie, c’est la question de la fermeture des écoles. Officiellement, l’intérêt supérieur des enfants et la lutte contre les inégalités sociales s’opposeraient à une fermeture des classes. Ça, c’est l’habillage, car on voit bien que le pouvoir exécutif n’a pas ces scrupules à l’égard des étudiants, sacrifiés sans état d’âme sur l’autel de l’économie. Les étudiants n’ont pas besoin de baby-sitters, tandis que les enfants de maternelle, de primaire ou du secondaire, peuvent empêcher leurs parents de travailler, même à distance, car il faut bien s’occuper d’eux. Voilà peut-être pourquoi il serait urgent d’attendre, car « on n’est pas à une semaine près » selon la voix de son maître, le professeur Delfraissy, à qui le Président a visiblement fait la leçon. Après tout, les vacances de février approchent et l’on pourrait amortir le confinement des enfants et des parents à moindres frais. Les Français sont encore suffisamment indulgents pour encaisser cette nouvelle épreuve, mais ils aimeraient bien savoir jusqu’à quand il faudra subir ces aller-retour sans perspectives où l’état ne maîtrise, quoi qu’il en dise, rien.