Message personnel

J’étais loin de me douter, en allant dimanche dernier déposer mon petit bulletin tout bête avec sa petite enveloppe dans l’urne disposée à cet effet, que j’allais par ce simple geste envoyer un message personnel à autant de gens. Et pourtant, des commentateurs et des acteurs politiques de tous bords m’ont indiqué qu’ils avaient bien reçu mon message. Un message très clair, d’après eux, qu’ils ont quand même tenu à expliquer pour qu’il ne subsiste pas la moindre ambiguïté.

Commençons par le plus facile. En me déplaçant à 50 %, j’ai indiqué mon intérêt pour cette élection locale à portée nationale, à moins que ce ne soit l’inverse. C’est vrai que j’étais partagé, mais puisque j’avais déjà voté le dimanche précédent, autant finir le travail, et puis c’est un principe, chez moi : je collectionne les tampons. C’est après que les choses se sont un peu compliquées. Je l’avoue, je ne suis pas encore prêt à travailler pour la Marine, mais cela n’a pas semblé l’ennuyer puisque le Front national n’a pas eu l’air déçu pour autant. J’ai été un peu surpris en revanche par l’interprétation qu’a faite Nicolas Sarkozy de ma modeste contribution, qui ne lui était pourtant pas destinée. Il parait que j’ai décidé que le changement était en marche et que rien ne pourrait l’arrêter ? Euh ! Vous êtes sûrs ? Réfléchissons une minute. C’est bien le Nicolas Sarkozy que j’ai viré avec pertes et fracas en 2012 ? Et c’est lui qui incarnerait le renouveau ? Il y a quelque chose qui m’échappe, là. Et tout ça avec un petit rectangle de 105 mm sur 148 mm, sur lequel on n’a même pas le droit d’écrire un mot sous peine de nullité ? Enfin, admettons. Les grandes douleurs sont muettes, parait-il.

Car le meilleur est à venir. Alors que le message des urnes apparait parfois sibyllin, au point qu’il faut consulter l’oracle de la Pythie de Neuilly, pardon de Delphes, il est d’une clarté aveuglante pour le premier ministre. Oui, moi qui vous parle, je peux me vanter de communiquer directement sinon avec les Dieux, du moins avec leur représentant le plus qualifié, Manuel Valls. Et que lui ai-je dit, je vous le donne en mille ? Que je voulais qu’il reste à son poste, qu’il continue le travail, qu’il ne change surtout rien !

Alléluia ! Mes frères, alléluia ! Mes sœurs.