Aucune piste n’est écartée
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 2 mars 2015 08:52
- Écrit par Claude Séné
C’est la formule traditionnelle des autorités quand un crime reste mystérieux et elle signifie généralement que l’enquête piétine ou qu’aucune piste ne se dégage sérieusement. Après l’assassinat de Boris Nemtsov, exécuté de quatre balles dans le dos à proximité immédiate du Kremlin et opposant le plus médiatique à la politique et à la personne de Wladimir Poutine, les regards se sont tournés immédiatement vers le pouvoir en place. La première hypothèse vraisemblable voulait que ce soit l’autorité suprême de Russie, le tsar en personne, qui aurait demandé à être débarrassé de ce gêneur qui appelait à manifester contre lui, au lendemain de son exécution.
Mais si la plupart des Russes et des observateurs y ont pensé, les enquêteurs préfèrent mettre en avant d’autres hypothèses, qui, si elles ne sont pas dénuées de tout fondement, peinent à convaincre. Boris Nemtsov aurait pu être victime d’islamistes pour le punir d’avoir soutenu Charlie Hebdo. Ouais. Ou bien il se serait attiré les foudres des Ukrainiens rebelles pour avoir soutenu le régime de Kiev. Bof. Si ça se trouve, le crime serait lié à des motifs personnels et non politiques. Ben voyons. Ou encore, il s’agirait d’un coup monté pour discréditer le pouvoir. Celle-là, c’est la préférée de Poutine, parce qu’elle explique tout, et qu’elle s’inscrit dans la théorie du complot, qui marche partout.
À l’appui de sa thèse, Poutine promet que tout sera fait pour retrouver les coupables et sur ce point on peut lui faire confiance. On a pu voir ce qu’il en était après l’assassinat de la journaliste Anna Politskovkaïa en 2006. 6 ans plus tard, un lampiste a été condamné à 11 ans de camp à régime sévère. Le commanditaire, lui, n’a jamais été identifié ni inquiété. Un autre argument semble plus sérieux pour mettre Poutine hors de cause, c’est que Nemtsov serait plus dangereux mort que vivant. Bien qu’assez populaire comme ancien ministre, ses chances de parvenir au pouvoir restaient minces tant que le pays restait quadrillé par son rival de toujours, alors que sa mort peut en faire un martyr. Le raisonnement serait valable dans une démocratie à l’occidentale, mais il semble que le maitre du Kremlin puisse tout se permettre, urbi et orbi, sans courir de réel danger.