PMA : les faux nez
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 17 juin 2019 11:01
- Écrit par Claude Séné
Pour une fois, saluons l’initiative gouvernementale de proposer au vote du parlement la procréation médicalement assistée pour toutes les femmes, qu’elles soient mariées, en couple hétérosexuel, célibataires, en couple homosexuel, ou que sais-je, toutes, quoi, tout simplement. Le courage politique requis par ce projet de loi, qui devrait être déposé à la rentrée, est tout relatif. Les enquêtes menées par les instituts de sondage démontrent que l’opinion est prête à cette évolution, et le président de la République peut donc s’acheter à bon compte une belle image de réformateur et de progressiste, dont il a le plus grand besoin après les déconvenues récentes.
Cette avancée sera naturellement combattue à visage découvert par les tenants du catholicisme intégriste et les réactionnaires de tout poil, opposés par principe à la moindre évolution des mœurs. Après avoir tenté d’empêcher la création du Pacs, s’être opposé à l’IVG, voire à la contraception, ou avoir dénoncé le mariage pour tous, la frange ultra conservatrice de la population française va surement descendre à nouveau dans la rue pour manifester son hostilité à ce progrès vers plus de justice et d’équité. Nous allons donc revoir les minois sympathiques de Ludovine et de Frigide pour la Manif pour tous et ceux, plus patibulaires, des gros bras de Civitas. J’irai jusqu’à dire que c’est de bonne guerre, et il est assez naturel que les opposants au progrès et les tenants de la famille tradi se montrent aux avant-postes pour leur baroud d’honneur.
Ce qui me hérisse encore bien davantage, ce sont ceux qui, n’ayant pas le courage d’assumer leurs convictions, se réfugient derrière de faux nez pour refuser une évolution inéluctable. Ainsi de Valérie Pécresse qui agite le spectre de la « marchandisation du corps », qui, selon elle, découlerait inévitablement de la loi sur la PMA. Car, suivez bien, ce n’est pas évident, si l’on accorde la PMA aux femmes, il faudra la donner aussi aux hommes et donc autoriser les femmes à louer leur utérus. CQFD. Comme si la gestation pour autrui n’existait pas déjà dans les faits et que la société française n’avait pas tout intérêt à légiférer pour éviter précisément les dérives dénoncées par Valérie Pécresse. D’autres encore se réfugient derrière la question de la filiation et du régime juridique, qui devra être adapté pour tenir compte des situations nouvelles, pour demander le statu quo et surtout ne rien changer. Ces opinions divergentes se retrouvent à l’intérieur même de la majorité, dont une grande partie vient des rangs de la droite traditionnelle. Avaleront-ils la couleuvre que le chef cuistot présidentiel leur a concoctée ? Ou la montagne PMA accouchera-t-elle d’une souris ? Réponse en septembre.