Coitus interruptus

Sur l’amicale pression de la demande générale, on s’attendait plus ou moins à la démission de Laurent Wauquiez de son poste de président de LR, les Républicains, après le score calamiteux de son poulain aux élections européennes. François-Xavier Bellamy, choisi par Wauquiez contre l’avis des caciques de son parti, n’a en effet convaincu que 8,5 % des votants, le pire score de la droite sous la 5e République, sur une ligne politique perdante, laminé à la fois par le Rassemblement national et la République en marche. Son invitation au journal de TF1 était donc l’occasion d’annoncer son départ.

Et pourtant Laurent Wauquiez va réussir le tour de force de démissionner sans jamais prononcer le mot. Il utilise à la place l’expression : « je me retire », qui évoque pour moi irrésistiblement une pratique peu efficace de contraception tolérée par l’église, qui consiste à interrompre l’acte sexuel avant son terme pour éviter la fécondation. Et je me dis qu’en effet, ce retrait a tout du symbole d’une relation inachevée entre l’arriviste à la parka rouge sur le gilet jaune et le pays. À vrai dire une relation qui n’avait même pas encore commencé, Laurent Wauquiez s’étant grillé en tenant des propos imprudents devant des étudiants d’une grande école à Lyon. Les métaphores comparant la France à une femme n’ont jamais vraiment porté chance à leurs auteurs. Depuis 2006 où Dominique de Villepin aurait dit, selon Frank-Olivier Giesbert : « La France a envie qu’on la prenne, ça la démange dans le bassin » jusqu’à 2015, où c’est François Fillon qui déclare que la France n’est pas un pays à prendre, comme une femme. Ni l’un, ni l’autre, ne parviendront à leurs fins.

Cet épisode ressemblerait plutôt à la scène du Père Noël est une ordure où Pierre, alias Thierry Lhermitte, « faute » avec Thérèse, alias Anémone, sans l’avoir vraiment prémédité. Il s’exclame : « je suis désolé Thérèse, je ne sais pas ce qui m’a pris. C’est une catastrophe. » Et Thérèse de lui répondre : « ce n’est rien, Pierre, je n’ai rien senti. » Voilà ! c’est un peu ça. Si Laurent Wauquiez s’est imaginé avoir eu le début du commencement d’une histoire avec la France, comme beaucoup d’autres avant lui, la France, elle, ne s’est aperçue de rien. Et je doute que ce « retrait » lui ait fait le moindre effet, pas plus qu’elle n’avait remarqué quoi que ce soit auparavant. Si la France était une femme, elle serait une femme moderne, ne la prend pas qui veut, elle choisit, et elle pourrait d’ailleurs se lasser assez vite du freluquet qui la distrait encore un peu pour le moment.

Commentaires  

#1 jacotte.july 04-06-2019 12:47
dieu vous entende mon fils...
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