L’échelle de Jacob

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Catégorie : Diabloguiste
Publié le samedi 30 mars 2019 10:32
Écrit par Claude Séné

Il ne sera pas question ici de l’échelle qui serait apparue en songe selon la Bible à Jacob, et qui permettait aux anges de monter et de descendre du ciel à la terre et inversement. Une version antique de ce que nous aimons à appeler l’ascenseur social, qui marche de moins en moins bien d’ailleurs, malgré le passage de nombreux réparateurs incompétents. Mais ceci est une autre histoire. Il s’agit de l’échelle de Christian Jacob, sympathique président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale, jamais en retard d’une plaisanterie ou d’un bon mot.

Cette fois, il nous explique sans rire que le problème numéro un des Français, c’est que les fonctionnaires grimpent trop vite au sommet de l’échelle et végètent ensuite pendant 20 ans (sic) sans pouvoir espérer ni avancement ni promotion. Comme ils s’ennuient, ils ne font plus aucun zèle, manière polie de les traiter de fainéants. Conclusion de ce progressiste né : la future loi proposée par le gouvernement dans laquelle il y aurait 120 000 fonctionnaires en moins serait notoirement trop laxiste, et pour tout dire, « petit bras ». D’ailleurs, le candidat choisi par son parti à l’élection présidentielle, François Fillon, s’était engagé sur une suppression de 500 000 postes dans sa course à l’échalote avec Alain Juppé. Christian Jacob ne doit pas connaitre la même fonction publique que moi, où je peux lui certifier qu’il faut plus de 20 ans pour gravir les échelons, et que le passage de l’un à l’autre n’apporte pas une aisance substantielle. D’autant plus que l’on part de loin. J’invite Christian Jacob à comparer son salaire de député avec celui d’un prof débutant, et d’échanger avec lui, s’il le désire. Et je ne parle même pas des fonctionnaires territoriaux de catégorie C.

Christian Jacob a un concurrent sérieux en matière de démagogie avec le ministre chargé du budget et des comptes publics, Gérald Darmanin, qui nous a sorti de son chapeau un rapport qu’il tenait au chaud depuis février, selon lequel 310 000 fonctionnaires n’accompliraient pas les 35 heures hebdomadaires auxquelles ils sont tenus. Une étude commandée par le ministre, et qui a fuité malencontreusement à l’insu de son plein gré, pile poil au moment de la présentation du projet de diminution du nombre de fonctionnaires. Ça faisait longtemps que l’on n’avait pas chargé les employés de l’état, de la santé publique ou des collectivités territoriales de tous les péchés d’Israël. Depuis octobre 2018, en fait, et c’était déjà Darmanin qui s’y était collé. L’idéal de tous ces tenants d’un libéralisme outrancier, c’est évidemment la privatisation de tous les services publics et le remplacement des employés protégés par des contractuels licenciables à merci. Dans ce cas, il n’y aurait plus qu’à tirer l’échelle.