Ligue française d’improvisation
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 13 mars 2019 10:40
- Écrit par Claude Séné
Vous connaissez sans doute le principe. Dans une arène rappelant les patinoires de hockey sur glace, deux équipes de comédiens s’affrontent dans une joute verbale pendant un temps donné, sur un sujet tiré au sort, le tout contrôlé par des arbitres en tenue rayée, chargés de veiller au bon déroulement et au respect des consignes. Pourquoi est-ce que je vous parle de cela ? Parce que j’ai brusquement pris conscience que les politiques qui nous gouvernent sont souvent de fichus amateurs et pourraient se reconvertir avec succès dans l’activité d’impro à laquelle ils consacrent déjà la plus grande partie de leur temps.
J’en veux pour preuve la dernière sortie de Benjamin Griveaux. Comment ça, qui donc ? Mais si, Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement ! Bon, peu importe. En tout cas, il ne fait pas un métier facile, chargé de porter une parole supposée venir des ministres, sachant qu’il peut être démenti à tout moment quand le chef daigne laisser filtrer tout ou partie de ses intentions. Le mieux serait évidemment de ne rien dire, mais c’est impossible. Alors, de temps en temps, il se lâche. Ainsi, il affirmait sur France Inter que l’état ne privatisait pas Aéroport de Paris, puisqu’il garderait environ 20 % du capital, tout en plaidant pour la libre concurrence dans tous les domaines. Tout ça pour se contredire quelques minutes plus tard sur les réseaux sociaux en indiquant que rien n’était décidé sur ce point. Coluche disait qu’en pareilles circonstances, quelqu’un qui ne sait rien devrait être autorisé à fermer sa gueule. Ben oui, mais quand on veut, comme ce monsieur, briguer la très prestigieuse mairie de Paris, il faut bien tenter de combler son déficit de notoriété, quitte à devoir démentir soi-même les fausses nouvelles annoncées trop rapidement.
Mais revenons à nos agneaux. Pour que le spectacle d’impro soit bon, il faut concilier deux impératifs contradictoires : une coopération entre comédiens pour maintenir le fil et une lutte pour la suprématie, car, à la fin, c’est le public qui départage les concurrents en brandissant un carton de la couleur de l’équipe la plus performante. Sans oublier que les spectateurs sont autorisés en cours de route à jeter une pantoufle distribuée à cet effet sur les participants s’ils sont mécontents de leur prestation. Une pratique qui pourrait s’étendre avec bonheur à la sphère politique où le spectacle fourni dans les assemblées est parfois affligeant, s’apparentant davantage à la pantomime qu’au théâtre classique. Quant au premier d’entre eux, il a démontré plus d’aptitude pour le stand-up que pour la présidence d’un grand pays, ce serait dommage de priver le show-biz d’un tel talent trop longtemps.
Commentaires
Je suis volontaire pour le jet de pantoufles !