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Disons, demain !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 1 mars 2019 10:41
- Écrit par Claude Séné
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Après les déclarations publiques d’amour de Donald Trump à l’égard du dictateur nord-coréen, on se serait presque attendu à ce que le sommet entre les deux dirigeants à Hanoï se conclue par la publication des bans en vue de leur permettre de convoler en justes noces. Las ! comme dans le nom de cette célèbre agence de rencontres destinée aux plus de 50 ans, les partenaires se sont dit : « voyons plutôt ça demain, ou bien après-demain. Il n’y a pas d’urgence à conclure, même après avoir senti une ouverture à la Jean-Claude Duss, des Bronzés ».
Plus surprenant, les partenaires se sont quittés sans même faire semblant d’avoir trouvé un accord. Quand Brassens, dans sa Supplique pour être enterré sur la plage de Sète, envisage le moment où son âme et lui se sépareront, il imagine un accord, au moins sur la rupture. Rien de tout ça dans ce sommet avorté où la montagne n’a même pas accouché d’une souris. Est-ce que la mariée était trop belle ? Est-ce que Donald a cru qu’avec deux tirades enflammées et trois fadaises passe-partout, il allait ravir le cœur de midinette d’un tyran sanguinaire ? A-t-il fait trop confiance à son physique qu’il croit avantageux depuis qu’il paie des professionnelles pour le lui susurrer ? Lui qui s’imagine pouvoir circonvenir n’importe quel interlocuteur par son charisme ravageur, il a dû tomber de haut en découvrant un Kim Jung-Un aussi retors et manipulateur que lui.
Si l’on se base sur les précédents historiques récents, le traité sur le nucléaire iranien ou l’accord de Paris sur le climat pour ne citer qu’eux, la stratégie de négociation de Donald Trump est assez simple : il décide et les autres acceptent, contraints et forcés. En faisant des avances à la Corée du Nord, et en lui faisant une proposition qu’elle ne pouvait pas, selon lui, refuser, il s’est imaginé pouvoir s’acheter à bon compte une image de négociateur hors pair à 18 mois d’une réélection espérée. On a même fait circuler la rumeur selon laquelle il pourrait obtenir le prix Nobel de la Paix pour son action. Un vrai conte de fées. On croit rêver. Au lieu de quoi, les communicants de la Maison-Blanche vont devoir, comme d’habitude, sortir les avirons pour expliquer en quoi cet échec cache en réalité une grande victoire. Il faudra sans doute invoquer la règle non écrite du « jamais le premier soir », ni même le deuxième après le premier sommet de Singapour tout aussi platonique. Ces marivaudages puérils autour d’un « divorce à la coréenne » ne seraient que ridicules s’ils ne laissaient planer sur notre planète commune le spectre d’une guerre nucléaire.