Place aux jeunes !

On est sérieux quand on a 16 ans. Si vous avez aperçu Greta Thunberg, cette jeune Suédoise qui a décidé de sécher l’école une fois par semaine pour manifester et demander des mesures fortes en faveur du climat, vous avez pu vous rendre compte qu’elle ne plaisantait pas. Avec son air enfantin et ses tresses dignes de Fifi Brindacier, elle démontre une détermination impressionnante qui force le respect des adultes et entraîne l’adhésion des jeunes de sa génération et au-delà. Sa force de conviction, avec un langage simple, clair et direct, en a déjà persuadé beaucoup.

Le mouvement de protestation lancé par la lycéenne, qui a commencé l’été dernier devant le parlement suédois, a vite trouvé un écho dans les pays européens et jusqu’en Australie. Il a fait boule de neige en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Danemark et plus récemment en France. La jeune fille a pris la parole à la Cop 24 ainsi qu’au forum de Davos et elle a été reçue par Emmanuel Macron. Toutes ces initiatives devraient déboucher sur une journée mondiale le 15 mars pour exiger, non plus simplement de belles déclarations d’intention, mais des actes concrets et immédiats. Les « grandes personnes » ont souvent eu l’impression que les jeunes ne se mobilisaient plus sur les sujets politiques au sens large. C’est peut-être en train de changer. Déjà, le prix Nobel de la Paix décerné en 2014 à la Pakistanaise Malala Yousafzai alors qu’elle n’avait que 17 ans était un signal intéressant. Un autre exemple de la capacité des jeunes à se mobiliser, c’est la réaction des lycéens d’Albi après la plainte d’une mère d’élève dont la fille était choquée par le maquillage d’un camarade de classe. En solidarité avec Alexis, rappelé à l’ordre par la hiérarchie du lycée, 200 élèves sur 800 se sont présentés maquillés eux aussi.

Je ne sais pas ce que se seront dit la militante et le président, mais je pense qu’Emmanuel Macron ne s’en est pas sorti avec les belles phrases toutes faites dont il tente habituellement d’emberlificoter ses interlocuteurs. Ce qui est amusant, c’est que le quadragénaire a pris le pouvoir en surfant sur la vague du dégagisme, en dénonçant « l’Ancien Monde » et en prônant des idées soi-disant nouvelles, en réalité de vieilles recettes libérales recyclées, et qu’il est aujourd’hui confronté à une relève qui le ringardise par sa seule existence. Quitte à changer, pourquoi ne pas écouter ce que la jeunesse a à nous dire ? Après tout, ce sont les jeunes d’aujourd’hui qui devront régler les problèmes que nous leur léguons en toute bonne conscience. Et cette jeunesse-là fait plaisir à voir.