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Toutes affaires cessantes
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 12 février 2019 10:24
- Écrit par Claude Séné
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La solution était là, sous nos yeux, et personne ne l’avait remarqué. Voilà des mois et des années, des septennats et des quinquennats, que tout le monde s’accorde à observer que le pays va mal, et que c’est en grande partie à cause d’un système éducatif défaillant. Ce n’était pourtant pas faute de lui assigner des missions. Dès qu’une question se posait, la réponse la plus évidente était de charger l’école de la résoudre. C’est elle qui devait pourvoir à tout, de la citoyenneté au permis de conduire et à la prévention de la délinquance.
Comme tout ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer se devait d’associer son nom à quelque réforme d’envergure. Après avoir un peu tâtonné, il présente donc « l’école de la confiance », un projet ambitieux dans l’état de délabrement où le manque de moyens a conduit l’institution scolaire. Mais c’est à Éric Ciotti, député de l’opposition du parti Les républicains, que nous devons la mesure phare qui va enfin régler tous les problèmes de l’école et de la nation. Il a proposé d’installer dans toutes les salles de classe de France et de Navarre le drapeau tricolore, ainsi que les paroles de la Marseillaise. Une suggestion accueillie avec enthousiasme par le ministre, qui doit regretter de ne pas y avoir pensé lui-même. Pour faire bonne mesure, et pour plaire au monarque républicain qui nous gouverne, le drapeau européen sera également présent. Il est certain que les tables de multiplication seront beaucoup mieux mémorisées sous la double égide des couleurs nationales et européennes, et cela préparera les élèves au service national universel, à l’utilité au moins aussi grande que cette présence des drapeaux.
L’étape suivante devrait naturellement être celle du salut matutinal aux couleurs, cependant que les élèves entonneront l’hymne national, suivi de l’hymne à la joie européen. Rien ne s’opposera non plus à ce que les élèves croyants puissent réciter une prière ou deux, tandis que les autres pourront s’initier au catéchisme républicain. Au moment où les députés se plaignent de leur calendrier trop chargé, on a un peu de mal à croire qu’il fallait statuer de toute urgence et à une heure avancée de la nuit sur une disposition dont le principal mérite serait de ne rien coûter ou presque à la collectivité nationale. S’il est une leçon que l’on peut tirer de l’interminable mouvement des gilets jaunes, c’est bien la défiance généralisée à l’égard des institutions. La population ne croit pas à l’utilité des parlementaires, seuls 9 % des Français déclarent faire confiance aux partis politiques, toutes tendances confondues. J’ai bien peur que la tendance se confirme après de telles mesures.
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