Histoire belge
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 9 février 2019 10:32
- Écrit par Claude Séné
Il existe une longue tradition de moqueries à l’égard des Belges, qui nous le rendent bien, d’ailleurs en expliquant que si les Français sont aussi friands de blagues belges c’est parce que ce sont les seules qu’ils arrivent à comprendre. Nous leur devons cependant beaucoup, aux Belges, qui nous envoient généreusement leurs humoristes, alors qu’ils pourraient les garder égoïstement pour eux, ainsi que leurs acteurs et réalisateurs de cinéma. Et même leurs chanteurs et chanteuses, qui depuis Brel ont l’élégance de faire carrière chez nous sans nous assourdir à la manière de certaines aboyeuses québécoises confondant talent et décibels.
Eh bien, ces Belges que nous raillons si facilement semblent avoir trouvé la solution pour maintenir l’ordre public sans avoir recours ni aux grenades ni aux lanceurs de balles de défense. Ces fameuses armes dont la police et la gendarmerie française affirment qu’elles ne sauraient se passer n’ont pas cours de l’autre côté du Quiévrain, et il ne semble pas que l’état ni la population s’en porte plus mal, bien au contraire. Vue de chez nos voisins, la méthode française semble même archaïque et surtout contre-productive. Les Belges, sans vouloir critiquer ouvertement nos méthodes afin de ne pas nous froisser, laissent comprendre à demi-mot combien nous leur semblons inefficaces en faisant courir des risques inutiles autant aux populations qu’aux forces de l’ordre. Le fond de la doctrine des autorités belges, c’est d’éviter autant que faire se peut l’affrontement.
Dans un reportage diffusé par Quotidien, nous avons pu découvrir l’arme secrète des autorités : le cheval de Frise. Ces barrières, hérissées de barbelés, sont déployées entre les manifestants et les gendarmes, pour les séparer, délimitant un territoire respecté par les deux parties. En cas d’affrontement physique, et si la situation l’exige, les Belges privilégient l’usage des canons à eau, qui jusqu’à présent et à ma connaissance, n’ont jamais mutilé personne. Cette stratégie est donc payante et vient corroborer une hypothèse que chacun a pu formuler lors des nombreuses manifestations qu’a connues notre pays : les heurts n’ont lieu qu’avec une minorité de personnes et sont amplifiés par les violences et la répression du côté des autorités quand elles donnent l’ordre de charger. Quand les forces de l’ordre sont discrètes, la tension baisse d’un cran. L’exemple belge démontre qu’il est possible de procéder autrement que par une répression sauvage et brutale. La fameuse affaire de l’interpellation musclée de deux manifestants le 1er mai par les sieurs Benalla et Crase, agissant sans droits ni titres, n’aurait pas eu lieu d’être si les jeunes gens en question n’avaient pas été indignés par le comportement de la police, au point de leur lancer des projectiles trouvés sur place. Un engrenage de la violence qui leur coûtera 500 euros, grâce à la notoriété de leurs agresseurs, dont on attend toujours le jugement.