Qui sème le vent
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 24 novembre 2018 10:37
- Écrit par Claude Séné
Récolte la tempête, dit le proverbe. Un dicton issu tout droit de l’Ancien Testament dans le livre d’Osée, un prophète obscur, précurseur de la religion catholique, que ne peut manquer de connaître notre très pieux président, élevé dans le respect de la foi. Il ferait bien de méditer cette sentence qui pourrait s’appliquer à son action depuis que les évènements l’ont porté aux responsabilités. Comme le loup sur la maison des trois petits cochons, Emmanuel Macron s’est appliqué à souffler de toutes ses forces sur ceux que l’on a coutume d’appeler les corps intermédiaires.
Il a tout d’abord profité de l’effondrement de la maison en paille socialiste et de la fragilité de la maison en bois des Républicains. Il a ensuite construit sa maison en parpaing pour y installer toute sa smalah, puis il a fermé la porte à double tour en sorte que nul n’y rentre, et édifié une magnifique tour d’ivoire, à côté de la piscine, afin de s’y retirer pour admirer le paysage et la belle campagne où travaillent ses serfs. Pendant la première année de son règne, il a cherché à humilier les syndicats et toute forme de représentation populaire qui n’émanerait pas de lui. Il a snobé jusqu’à ceux qui auraient voulu l’aider dans son entreprise de démolition, s’appliquant surtout à faire le désert autour de lui. Petit à petit, il a découragé beaucoup des naïfs qui avaient cru à ses belles paroles.
Et le voilà fort dépourvu, à présent que la bise est venue. La contestation et la révolte que son arrogance autant que le contenu des « réformes » soi-disant voulues par les Français ont suscitées soufflent en tempête désormais sans que rien ni personne semble en mesure de les canaliser. Le président « assume », mais il est bien seul, et se retrouve en première ligne. Les manifestants réclament sa démission, car ils ont bien compris que le pouvoir était concentré entre ses seules mains. Cette situation explosive est très dangereuse, car il n’y a rien à négocier, tant les revendications populaires sont diverses et diffuses. Et même si le pouvoir le voulait, il n’aurait plus d’interlocuteur avec qui discuter. Ce conflit laissera nécessairement des traces, car il n’y a aucun débouché politique en vue. Si, comme c’est probable, le mouvement finit par s’étioler sans obtenir la moindre concession concrète sur les sujets de mécontentement, tels que le prix du carburant ou les impôts et les taxes diverses et variées, le ressentiment populaire ne fera que croître et embellir. Et l’alibi écologique, auquel le président semble vouloir se référer encore une fois, paraît avoir fait long feu et ne plus convaincre personne, pas même Nicolas Hulot, enfin sorti de cette galère.