Indulgence
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 7 novembre 2018 10:42
- Écrit par Claude Séné
Au détour d’une phrase, le président Macron est revenu brièvement sur l’affaire Benalla au cours de l’interview qu’il a donnée à Europe 1, en demandant l’indulgence pour son ancien chargé de mission, convaincu de violences sur des manifestants le 1er mai dernier. En réalité, et peut-être inconsciemment, il demande l’indulgence pour lui-même, dont l’aveuglement a transformé une erreur humaine en faute politique. Il tente maladroitement de minimiser la gravité des faits reprochés à son ancien collaborateur, à qui il semble prêt à tout passer et qu’il ne s’est résigné à sanctionner que tardivement et faiblement.
Si l’indulgence fait partie du langage courant, quand le mot est utilisé par un ancien élève des Jésuites, immanquablement, on est tenté de lui donner une signification religieuse. Petit rappel pour ceux qui auraient séché l’école du dimanche et le caté depuis un moment. Dans la doxa catholique, comme on le sait, « faute avouée est à moitié pardonnée ». L’église a ritualisé cet adage en instituant le principe de la confession. Le pêcheur, dans le secret du confessionnal, est supposé se repentir de ses fautes, qui lui seront alors pardonnées par Dieu, par le truchement du prêtre. Celui-ci lui demandera, en échange de l’absolution de ses péchés, d’accomplir une peine, graduée selon la gravité de la faute, la pénitence. Moyennant quoi, le chrétien retrouve sa place dans la communauté, ses erreurs ayant été absoutes. Reste la question des victimes de ces péchés et de la réparation des fautes commises. Le croyant en la vie éternelle devra patienter plus ou moins longtemps au Purgatoire avant d’y accéder.
Et là, tadam ! l’église a inventé l’indulgence, qui va réparer le désordre causé par le pêché. C’est pur don de Dieu, qui le délègue au clergé, car il a beaucoup de travail, lequel va même le monnayer pendant un temps, nécessité financière faisant loi quand le denier du culte vient à faire défaut. Question : Alexandre Benalla peut-il bénéficier de l’indulgence divine ? Il faudrait tout d’abord que le sieur en question renonce à son arrogance et confesse ses erreurs. Or, il revendique ses actes comme autant de titres de gloire. Mauvais départ. Il s’ensuit qu’il ne peut faire preuve de repentir, sincère ou non. Enfin, il n’a pas esquissé le moindre regret pour ses agissements et n’a pas eu la plus petite velléité de réparer le dommage causé aux deux personnes qu’il a molestées sans droit ni titre. Et il faudrait passer l’éponge ? Par charité chrétienne ? Parce que le malheureux pêcheur s’est extirpé de son quartier populaire en adoptant les comportements des dominateurs et des exploiteurs ? Parce que le président de la République le considère comme un fils, et qu’il lui pardonne tout, même quand il le traite de « lapin de 6 semaines » dans l’affaire du doigt d’honneur aux Antilles ? Si c’est cela l’indulgence, alors, elle est coupable.
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