Mea culpa
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 30 juillet 2018 10:23
- Écrit par Claude Séné
J’avoue. Je me suis laissé abuser comme tout le monde par des images semblant démontrer qu’Alexandre Benalla se comportait comme un justicier de pacotille, violence réelle en sus, abusant sans droit ni titre du statut de policier, arborant les insignes usurpés d’une fonction à laquelle il n’a jamais appartenu. S’il reste vrai que j’ignore encore totalement les formations et l’expérience professionnelle qui lui ont permis à 26 ans de devenir un grand ponte et un expert en matière de sécurité, au point de supplanter les professionnels dument chargés de protéger le président au cours de ses déplacements privés, je dois reconnaître ses talents en matière de droit et de communication.
Je n’avais pas compris, avant que Mr Benalla ne l’explique, qu’il n’avait fait que son devoir en intervenant sur les deux jeunes gens avant qu’ils n’aient le temps de blesser les représentants des forces de l’ordre, qui ne disposaient que de leur arsenal répressif ordinaire, boucliers, casques, grenades diverses et matraques. Le groupe de CRS lourdement armé était à deux doigts de se faire encercler par les deux manifestants, et Mr Benalla, assisté de son ami employé par la République en marche n’a employé que la force strictement nécessaire à occasionner un arrêt de travail de 6 jours. Il n’a donc fait que son devoir de citoyen en prêtant main-forte (ô combien !) aux vrais policiers. Quant au casque et au brassard, ils lui ont simplement permis de ne pas se faire matraquer lui-même par erreur. Voilà pour le droit. Mr Benalla a démontré qu’il connaissait la loi dans ses moindres recoins, ce qui est d’autant plus méritoire qu’il ne l’a jamais vraiment étudiée.
Il aura fallu attendre quelques jours pour connaître la version des faits selon le principal intéressé, mais cela valait le coup d’attendre. Le récit et son interprétation sont en tous points conformes à la version officielle, ce qui tendrait à démontrer qu’Alexandre Benalla, Alex pour les millions d’intimes prêts à gober la communication présidentielle, possède une bonne mémoire et qu’il apprend vite. Après quelques excuses de pure forme pour un geste abondamment minimisé, on s’attache à dégonfler « l’affaire » qualifiée de tempête dans un verre d’eau et à s’envoyer des félicitations mutuelles avec Emmanuel Macron, en dénonçant un complot ourdi par les représentants de l’Ancien Monde qui ne supportent pas la réussite insolente de la jeunesse. Non seulement Alex n’est pas coupable, mais il faudrait le réhabiliter, le rétablir dans tous ses droits, y compris ceux qu’il n’a jamais perdus. Et pourquoi pas lui réserver dès maintenant une place au Panthéon ? « Entre ici, Alex Benalla, avec ton terrible cortège de casseroles et de confidences présidentielles ! »
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