La messe est dite

C’est du moins ce que souhaiterait le chef de l’état qui a choisi de s’exprimer devant ses fidèles, et eux seuls, à la maison de l’Amérique latine. Il s’est attaqué à de mystérieux ennemis, désignés par le vague pronom « ils », qu’il met au défi de venir le chercher, lui qui endosse toute la responsabilité en laissant entendre qu’en fait il n’y est pour rien, que sa confiance a été trahie. Le caractère messianique d’Emmanuel Macron n’est plus à démontrer. Il nous en livre ici un nouvel exemple hallucinant.

« Prenez, et mangez-en tous », semble nous dire le président messie. Ceci est mon corps livré pour vous, pour expier tous les péchés de la terre. Je suis le président, c’est donc à moi de me sacrifier pour le bien de tous, bien que je n’aie commis personnellement aucune faute, n’ayant eu comme seul tort que de faire confiance à un traitre, Judas Iscariote, pardon, Alexandre Benalla, à qui je n’ai jamais donné, ni les codes nucléaires, ni même 10 000 euros mensuels, encore moins les trente deniers en prix de sa trahison, et qui n’est pas mon amant. Combien touchait réellement le chargé de mission à la sécurité du Président ? C’est un secret d’État, que le secrétaire général de l’Élysée n’a pas été autorisé à dévoiler. Il n’est connu que du président de la commission des Finances de l’Assemblée, lequel affirme ne pas en avoir été informé, et de la Cour des comptes. Les autres Français sont priés de circuler, il n’y a rien à voir.

Poursuivant la métaphore christique, j’imagine que le Président, le jour où il se décidera enfin à s’adresser à l’ensemble de la population, déclarera : « pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Par ses tergiversations, il risque d’aggraver encore sa situation et se prépare un long chemin de croix, faute d’avoir analysé correctement l’impact négatif des révélations du Monde sur son propre électorat. Et que se passerait-il si les fidèles entre les fidèles, tel l’apôtre Pierre, décidaient de le prendre au mot et de le renier trois fois avant que le coq ait chanté à deux reprises ? L’opinion est par essence versatile, et le peuple est prompt à brûler ce qu’il a adoré. Passée la fête, adieu le saint, dit la sagesse des nations, et la popularité perdue ne revient que très rarement et très lentement. Si Emmanuel Macron devait être sacrifié sur l’autel de la déception d’une république loin d’être exemplaire, il faudrait un miracle pour qu’il revienne parmi les siens. Sarkozy, Juppé, Fillon, Hollande et même Giscard l’ont appris à leurs dépens.

Commentaires  

#2 poucette 25-07-2018 14:13
il me semble d'une maladresse touchant au désarroi dommage qu'il n'ai pas devant lui une opposition constructive....c'est l'incertitude qui domine
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#1 jacotte 86 25-07-2018 11:00
celle là on ne l'attendait pas! il nous aura tout fait, il est fort le bougre, il s'accuse d'une faute en toute impunité puisqu'on qu'on n'a pas le droit de poursuivre ...
c'est quoi la prochaine?
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