Oral de rattrapage

Il en va des ministres comme des candidats au baccalauréat, dont les résultats définitifs sont tombés il y a peu. Certains passent l’épreuve haut la main, même si je dois fouiller dans ma mémoire pour trouver des exemples à l’appui de cette affirmation. Voyons. Peut-être peut-on donner une mention spéciale à Jack Lang pour la fête de la musique, qui a survécu à toutes les vicissitudes et s’est même exportée dans le monde entier, ou à Simone Veil, récemment panthéonisée, qui a imposé la loi sur l’IVG contre son propre camp.

D’autres ont été recalés sans appel, comme le regretté Jérôme Cahuzac, champion toutes catégories du mensonge et de la fraude fiscale. La majorité silencieuse, quant à elle, restera inconnue du grand public et se contentera de la mention « passable » et des indemnités afférentes. Et puis il y a les repêchables, ceux qui sont en dessous de la moyenne, mais à qui l’on veut accorder le bénéfice du doute et que l’on convoque pour un oral destiné à leur faire gagner les points qui leur manquent. C’était le cas du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, qui devait plancher sur l’affaire Benalla devant la commission d’enquête parlementaire de l’Assemblée nationale. Il y a bien des candidats au Bac qui rêveraient de bénéficier des mêmes conditions pour passer leur oral de rattrapage. Jugez plutôt. Tout d’abord, le sujet était connu de l’impétrant, qui avait eu tout loisir de peaufiner ses réponses avec son professeur, Emmanuel Macron, la veille de l’examen. Ensuite, il était autorisé à consulter ses antisèches, qu’il lisait d’ailleurs très laborieusement, chaque virgule ayant été soigneusement soupesée. Le jury était composé principalement de ses amis politiques, chargés de lui poser les questions lui permettant de se donner le beau rôle. Quant aux questions qui fâchent, il est apparu très rapidement que le candidat n’avait aucune réponse à leur apporter, faisant de lui le citoyen le moins bien informé de France, ce qui est pour le moins paradoxal s’agissant du ministre de l’Intérieur.

Au point que, même avec la meilleure volonté et la plus grande bienveillance de la majorité du jury, il était bien difficile de trouver ne serait-ce qu’un demi-point par ci ou un demi-point par-là qui aurait permis de sauver le soldat Collomb. Tout porte à croire au contraire que le candidat sera finalement refusé définitivement par les Français et qu’il aura bien du mal à passer l’été. Indirectement, l’échec du cancre rejaillit sur la réputation de compétence du professeur, déjà mise à mal dans les sondages, au point que la parution du baromètre mensuel de l’IFOP a dû être décalée d’une semaine par une presse supposée indépendante.