Pragmatisme ?

L’ancien dirigeant chinois, Deng Xiaoping, a été un des premiers après Mao à avoir orienté son pays vers des solutions économiques plus proches de celles des Occidentaux que de l’orthodoxie collectiviste. Dès 1962, il résumait sa position au moyen d’une métaphore, qui disait sensiblement ceci : « peu importe qu’un chat soit blanc ou noir, s’il attrape la souris, c’est un bon chat ». En ouvrant son pays aux capitaux étrangers, Monsieur Deng inaugure en effet une nouvelle forme économique, hybride, celle d’une économie socialiste de marché, dont on peut voir encore les effets.

La plupart des réformes voulues par Emmanuel Macron se réclament d’un pragmatisme de bon aloi et se défendent d’obéir à des critères idéologiques. Par exemple, la réforme de la SNCF aurait pour seul et unique objectif d’améliorer le transport des usagers et des marchandises en adaptant l’outil de production selon des exigences de modernité et d’efficacité. Admettons-le, pour les besoins de la démonstration. En quoi le statut des cheminots, dont la direction et le gouvernement s’accommoderont le temps de la transition, serait-il un obstacle à cette modernisation ? En pratique, en rien. Mais il s’agit en réalité de se payer le scalp des syndicats, de les affaiblir durablement, pour pouvoir faire passer, comme Margaret Thatcher en d’autres lieux et d’autres temps, des réformes encore plus dures. Le gain financier de l’abandon du statut serait pour l’entreprise de l’ordre de quelques dizaines de millions, une goutte d’eau à l’échelle du pays. Autre exemple, la vente envisagée de certaines entreprises dans lesquelles l’état détient des parts, pour créer un fonds d’investissement destiné à l’innovation. Sur le papier, pourquoi pas, sous réserve de garder un contrôle sur les secteurs stratégiques. Mais, à l’arrivée, un manque à gagner pour l’état qui touchera moins des revenus financiers prévus que des dividendes actuels de ces entreprises. Comment expliquer cette attitude autrement qu’au nom de critères idéologiques ? Quand la gauche nationalise, la droite privatise.

Ce n’est qu’un indice de plus dans la droitisation de ce président qui s’est fait élire sur une fausse image de modération. Si l’on voit très bien le pilier du libéralisme économique, on peine à distinguer celui de la justice sociale, sans arrêt mis à mal par de nouvelles mesures, comme la non-revalorisation des APL, déjà amputées de 5 euros par mois. D’ailleurs, les Français commencent à s’en rendre compte, puisqu’un sondage révèle que si la cote de popularité du président et celle de son Premier ministre restent stables, et minoritaires, la composition de son électorat subit un glissement très net de 9 points vers sa droite. Même les plus fidèles parmi les convaincus commencent à douter de ce président des riches, dont la dernière lubie aquatique passe assez mal dans l’opinion.

Commentaires  

#1 jacotte 86 22-06-2018 12:00
diantre , le président n'a pas de piscine! qu'il vienne se rafraichir chez moi j'aurai de quoi entretenir la conversation... a bientôt manu et bricou
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