Tomber dans le panneau ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 18 avril 2018 10:42
- Écrit par Claude Séné
Comme vous le savez, il existe en ce moment en France des points de fixation sur des motifs d’insatisfaction, touchant des parts plus ou moins importantes de l’opinion. Citons pour commencer les grèves à la SNCF ou Air France, puis les blocages de certaines universités, l’évacuation forcée de la ZAD de Notre-Dame-des-landes ou le projet de loi sur l’immigration. Chacun de ces sujets est une poudrière potentielle pour le gouvernement, car il suffit parfois d’un dérapage pour déclencher un engrenage susceptible de graves conséquences. Souvenons-nous du barrage de Sivens qui ne déclenchait que peu de passions au niveau national jusqu’à la mort tragique d’un militant.
Et si le mécontentement latent de la population se cristallisait sur une mesure qui peut paraitre somme toute subalterne ? L’abaissement de 90 à 80 km/h de la vitesse maximale sur le réseau secondaire déclenche des réactions inattendues, en tout cas pour les autorités, qui n’avaient pas vu le coup venir. C’est en effet paradoxal que le gouvernement puisse augmenter la CSG ou faire cadeau aux plus riches de la plus grande partie de l’Impôt sur la fortune, sans entraîner de mouvement d’opinion massif, qu’il puisse même taxer encore plus les Français accrochés au tabac, et qu’il suscite un rejet presque général en touchant à une disposition du Code de la route. Tout se passe comme si les automobilistes et les motards considéraient l’abaissement de la vitesse comme un dernier coup de poignard dans le pacte républicain. Nous sommes les vaches à lait de l’état, c’est vrai, nous payons le prix fort pour alimenter nos machines en carburant, c’est une affaire entendue, mais laissez-nous la liberté de rouler à 90 quand le profil de la route le permet, ce qui n’est pas toujours gagné, semblent dire les Français.
Le pouvoir paraissait pourtant jouer sur le velours en brandissant les plus de 3 000 morts annuels sur les routes, dont une part importante serait due à la vitesse. Qui pourrait être hostile à une diminution des accidents ? Le souci, c’est que l’état s’appuie sur une expérimentation partielle dont il refuse de donner les résultats en laissant entendre qu’ils sont positifs, ce dont doutent automobilistes et motards en colère. Pour tenter de désamorcer la bombe à retardement que semble constituer la mesure, le président a annoncé que le gouvernement ferait le bilan au bout de 2 ans et reviendrait au 90 en cas d’échec. Fort bien. Et que fera-t-on des 20 à 40 000 panneaux 80 km/h fabriqués pour l’occasion ? Le cout du changement est estimé entre 5 et 10 millions d’Euros, mais ne vous inquiétez pas, les contraventions engendrées mécaniquement par la mesure devraient rapporter 300 millions au bas mot. À moins qu’une jacquerie ne fasse reculer le pouvoir.
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