Zéro SDF
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 12 février 2018 10:47
- Écrit par Claude Séné
C’était l’objectif, ambitieux, du président de la République, quand il promettait l’été dernier qu’il n’y aurait plus, d’ici la fin de l’année 2017, de femmes et d’hommes obligés de dormir dans la rue. Mais voilà, la bise et l’hiver sont venus, et nous sommes en droit de l’interpeler en lui demandant ce qu’il a fait aux temps chauds, à part pépier gaiment en se gargarisant de ses louables intentions. La réponse est malheureusement évidente : rien, ou peu de choses. Ce ne sont pourtant pas les idées qui manquent, mais plutôt la volonté politique.
Cet objectif de zéro SDF, Emmanuel Macron l’a emprunté à la fondation Abbé Pierre, qui a adressé cette demande à tous les candidats à l’élection présidentielle en avril dernier. Non seulement cet objectif est atteignable, mais l’association fournissait même le mode d’emploi avec un plan en 6 mesures pour permettre l’accès à un logement décent aux 140 000 personnes sans abri ou très mal logées en France. Pour réussir ce pari, il faut développer massivement le parc de logements sociaux. Or, quelle a été la première mesure de ce gouvernement en la matière ? Diminuer les APL, en en faisant porter la charge financière sur les sociétés d’HLM. La fondation proposait de résoudre la question en 5 ans dans les grandes villes et 10 ans dans les agglomérations plus petites. La maire de Paris a repris cet objectif à son compte en se fixant la date butoir de 2020 pour loger les 4 000 sans-abris parisiens. En annonçant l’éradication du problème sans délai, mais aussi sans préparation, le président ne pouvait que s’exposer à un échec cinglant.
Mais ce serait sans compter sur l’imagination débordante du gouvernement pour masquer la réalité lorsqu’elle est par trop dérangeante. C’est Julien Denormandie, secrétaire d’État à la Cohésion des territoires, qui s’y est collé. Et avec quelle conviction ! Selon lui, il n’y avait qu’une cinquantaine de SDF à la rue dans toute la région Île-de-France, et encore, parce qu’ils l’avaient choisi ! Une fois récupérés les bras gisant au sol après des propos d’une telle confondante mauvaise foi, on hésite entre la colère et l’indignation. Faut-il rappeler à monsieur Denormandie, ce jeune homme propre sur lui, que pas plus tard que samedi dernier, un SDF est mort à Marseille, que c’est le troisième en moins de trois mois, et que les fonctions d’un secrétaire d’État au logement ne se résument pas à mettre en place des dispositifs de défiscalisation permettant aux plus aisés d’accroitre leur patrimoine sans reverser un sou à l’état, pour, par exemple, construire des logements sociaux ? vous chantiez, j’en suis fort aise, eh bien, au travail maintenant !