Racket

Toutes mes excuses pour cet anglicisme, mais le mot québécois de « taxage », même s’il est évocateur, n’est pas d’un usage courant, et ne reflète donc pas à mes yeux la réalité d’un phénomène de société de plus en plus répandu en France. Selon le dictionnaire, il s’agit d’un vol avec violence, une extorsion de fonds ou d’objets, obtenus par la force physique, la menace ou le chantage. Une pratique détestable, donc, lorsqu‘elle est exercée par des individus animés de mauvaises intentions dans le but de s’enrichir, et qui ne l’est pas moins lorsque l’auteur se trouve en être l’état.

Car c’est bien l’impression qui se dégage des projets annoncés par le ministre de l’Intérieur au sujet du cannabis et plus largement de la consommation de drogues en tous genres. Gérard Collomb a écarté la revendication maintes fois énoncée de la dépénalisation, tout en reprenant l’éventualité d’une amende infligée aux consommateurs pris en flagrant délit d’usage de substances interdites. La politique de prohibition pure et simple a pourtant fait la preuve de son inefficacité, et l’amende envisagée, de l’ordre de 150 à 200 euros, ne servira qu’à renchérir le coût déjà élevé de cette addiction, sans permettre d’espérer un effet dissuasif, comme on le voit déjà pour les produits les plus chers, que les victimes accrochées continuent à vouloir se procurer par tous les moyens, notamment illégaux. Les rapports d’experts sur la question se sont empilés sur les bureaux ministériels depuis si longtemps que l’on ne peut pas ne pas croire à une intention délibérée de l’état de se faire de l’argent de poche tout en maintenant une fiction de fermeté sur un sujet électoralement sensible.

Pour illustrer mon propos, je voudrais vous narrer une petite anecdote. Il y a maintenant assez longtemps, mes pas m’ont amené sur la côte italienne à Viareggio, station touristique basée sur une très longue plage. Là, une sorte de camping plus ou moins sauvage avec des tentes et des caravanes à perte de vue, et des édicules publics à intervalles réguliers. Nous nous installons pour la nuit, et le lendemain matin, nous sommes réveillés par les carabiniers, qui n’étaient pas en retard pour une fois, et qui nous dressent procès-verbal, car le camping est interdit. Dans un italien approximatif, nous nous étonnons du nombre de campeurs en infraction et nous comprenons que, moyennant le paiement d’une amende journalière, nous pouvons rester aussi longtemps que nous le désirons, à l’instar des familles italiennes qui ont amené armes, bagages et surtout télévision sur la plage. J’ai eu l’occasion depuis de vérifier que cette pratique assez voisine du banditisme de grand chemin avait disparu et que la plage a été rendue aux baigneurs. Visiblement, l’état français, qui tond déjà les automobilistes, n’en a pas fini, lui, avec les pratiques moyenâgeuses.

Commentaires  

#1 jacotte 86 26-01-2018 10:44
que ferons les "fumeurs de moquette" pour payer leur amende? des petits délits encore et encore et la police des bavures. Quel paradis la France
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