Sous le tapis
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 21 janvier 2018 10:19
- Écrit par L'invitée du dimanche
C’est là que ma tante Germaine, mauvaise ménagère, glissait toutes les saletés qui l’encombraient… C’est devenu une expression pour illustrer la façon dont on se débarrasse de sujets qui pourraient fâcher, ou déranger l’ordre établi.
C’est ainsi qu’à mon avis on a écarté les sujets du harcèlement, sexuel ou non, de l’agression sexuelle, et aussi celui de la pédophilie, sans toutefois parvenir totalement à les museler, trop d’individus ou d’institutions aux pouvoirs multiples étaient concernés.
Aujourd’hui que le tapis s’est un peu soulevé, laissant échapper la parole des victimes enfin écoutées grâce à leur notoriété et donnant l’exemple aux anonymes, j’aimerais poser clairement la distinction pas toujours évidente entre harcèlement et agression.
Le harcèlement est spécifique, pour qu’il soit reconnu comme tel, il faut que les comportements se soient répétés au moins deux fois : sifflements, blagues de cul, SMS, chantage affectif, la victime a 6 ans pour déposer plainte. Il n’y a donc pas attouchements physiques sur les cinq parties du corps dites sexuelles, seins, cuisses, bouche, fesses, sexe. L’agression sexuelle nécessite un contact physique entre l’auteur et la victime. Cette agression sexuelle devient viol s’il y a pénétration non consentie, quel que soit le type de pénétration, elle est punie de 15 ans de prison et 15 000 € d’amende.
La loi d’août 2012, qui définit le harcèlement sexuel comme « une façon d’imposer de manière répétée des propos ou des comportements à connotation sexuelle qui porte atteinte à la dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant » semble bien avoir été glissée sous le tapis puisque 90 % des 1200 plaintes déposées par an sont classées sans suite par le parquet, 50 seulement ont donné lieu à des poursuites qui sont de deux ans de prison et 30 000 € d’amende.
Ce fiasco s’explique par la difficulté pour les victimes de prouver leurs allégations, leur seule parole ne suffit pas et quand on sait que souvent on retourne la culpabilité vers elles, que plane sur elles le spectre de la dénonciation calomnieuse et que les témoignages pour les soutenir se font rares pour raison de pression et de lâcheté, on peut comprendre que certaines dépassent le délai de prescription avant d’avoir le courage de déposer plainte.
On découvre de jour en jour des situations de harcèlement ou agression sexuelle signalées par des victimes qui osent enfin parler, y compris dans des institutions comme l’ONU qui jusqu’alors a toujours protégé les agresseurs et mis à l’écart les accusateurs.
Quand les effets médiatiques seront retombés, j’ai bien peur, malgré de nombreuses déclarations masculines de soutien à cette revendication de respect total de la femme, que les choses ne changent pas. Au mieux, on changera la loi sur le délai de prescription, mais comme les magistrats n’auront pas changé, la suite ne changera pas non plus ! Il reste de la place sous le tapis !
PS Je manque de place pour développer toutes les autres formes de harcèlement dont nous sommes tous victimes un jour ou l’autre : moral, au travail, scolaire, numérique, sans oublier le harcèlement téléphonique commercial.
L’invitée du dimanche