On ne badine pas avec le règlement

Nous vivons dans un monde moderne. La chose n’est pas nouvelle, mais elle a tendance à s’accentuer. Les rapports économiques et sociaux sont en plein bouleversement et l’on parle, à juste titre, d’ubérisation de la société. Le principe est simple : créez vous-même votre job, ou arrondissez vos fins de mois en valorisant une aptitude ou tout simplement en louant votre maison ou votre appartement. Seule contrainte, mettre en relation clients et fournisseurs pour faciliter les transactions. D’où cette prolifération de plateformes de tout poil se proposant de servir d’intermédiaires.

Sur le papier, tout le monde est gagnant. Celui qui trouve un hébergement moins cher qu’à l’hôtel, celui qui rentabilise un bien inutilisé, et surtout celui qui joue sur les deux tableaux, prélevant sa dîme au passage. À condition qu’il n’y ait pas ce fameux petit grain de sable qui vient gripper le mécanisme et le rendre totalement inopérant. C’est la mésaventure survenue à cette famille près de Rennes, qui a vu sa maison saccagée pendant le week-end du Nouvel An, alors qu’ils l’avaient louée par le truchement d’AirBnB. Les dégâts sont évalués à plusieurs dizaines de milliers d’euros, alors que le montant de la location n’était que de 250 euros, à peine. Heureusement, AirBnB a pris les choses en main. La plateforme a immédiatement fermé le compte du locataire indélicat ! non, mais ! La sanction est un peu dure, mais elle me parait juste. Il ne faut pas prendre de gants avec des personnes de ce genre-là. D’autant plus que l’entreprise AirBnB n’en est pas à un client près : elle revendiquait en 2016 plus de 10 millions de voyageurs en France pour 300 000 loueurs. Évidemment, il ne faut pas se fier au montant des impôts sur le bénéfice, inférieur à 100 000 euros sur la même période, grâce à un astucieux montage fiscal, alors que le chiffre d’affaires généré par ce commerce dépasse le milliard.

AirBnB est d’ailleurs prête à faire profiter ses adhérents de ses connaissances en matière d’optimisation fiscale. Elle leur offre la possibilité de se faire payer leurs locations sur une carte de crédit bancaire localisée à Gibraltar, qui pratique toujours le secret sur les transactions. Autant dire que le fisc français aura beaucoup de mal à tracer les revenus de ces propriétaires, même si la plateforme recommande officiellement de déclarer ses recettes et s’est engagée à percevoir et payer scrupuleusement la taxe de séjour à la commune de rattachement. C’est vrai, quoi ! il faut un minimum de règles ! je dis bien un minimum. À quoi bon garder les miettes quand on dispose d’un tel gâteau ?