La revanche de Panurge

Je vous rafraîchis la mémoire ? Panurge s’était disputé avec Dindonnault. Pour se venger, il lui achète un de ses moutons et le jette à l’eau. Aussitôt, tout le troupeau du marchand se précipite à sa suite dans l’océan et se noie. Depuis cette anecdote racontée par François Rabelais dans le Quart livre, le mouton symbolise l’instinct grégaire dans ce qu’il a de plus stupide. L’histoire permet de mettre en évidence la sottise des humains qui suivent aveuglément un chef sans exercer le moindre esprit critique, y compris quand il les mène de toute évidence à leur perte.

Être moutonnier est devenu depuis lors synonyme de bêtise, bien que, à l’instar du bon sens, ce soit la chose la mieux partagée du monde. L’indépendance, l’autonomie ou le libre arbitre ont beau être des valeurs reconnues universellement, bien peu de nos contemporains échappent à l’influence des médias de masse. Ce qui ne nous empêche pas de nous sentir très supérieurs aux animaux que nous qualifions volontiers de « bêtes ». Si l’on en croit Michel Audiard, qui ne voulait pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages, le canard était précisément le parangon du manque d’intelligence du règne animal, puisqu’il faisait dire à Belmondo dans Cent mille dollars au soleil : « c’est con les canards, mais ça fait cossu ».

Mais voilà. Les moutons sont très loin d’être aussi dépourvus d’intelligence que notre vanité voudrait nous le faire croire. Et c’est ce que l’université de Cambridge s’est mise en devoir de démontrer en entraînant des ovins à de la reconnaissance faciale. Et ma foi, ils s’en sortent pratiquement aussi bien que les logiciels coûteux et sophistiqués qui permettent de déverrouiller les smartphones. C’est ainsi que les moutons ont été capables d’identifier quatre célébrités, parmi lesquelles Barack Obama notamment. Une performance supérieure à la moyenne des Américains qui ont élu après lui le président le plus idiot de la planète, voire le plus dangereux. Je vous rassure tout de suite, bien qu’il dispose d’un peu plus de temps libre, l’ancien président n’a pas été obligé de tenir compagnie aux moutons en personne. Une photographie a fait l’affaire. 8 fois sur 10, les moutons ont choisi le côté des personnalités mémorisées qui leur donnaient droit à une récompense, contre 2 pour de parfaits inconnus. Et je me prends à rêver d’un monde où la routine ne serait pas toujours la plus forte, où le conformisme ne servirait pas de réflexion, et où les humains atteindraient au moins le niveau d’indépendance d’esprit d’un mouton, injustement vilipendé depuis des siècles. Dans un tel monde, les citoyens penseraient par eux-mêmes au lieu de bêler avec un marchand d’illusions nommé Macron.

Commentaires  

#1 jacotte 86 11-11-2017 11:48
il est de doux rêves!!!
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