Histoire belge
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 4 novembre 2017 10:27
- Écrit par Claude Séné
Selon Guy Mollet, la droite de 1956 en France était « la plus bête du monde ». Il semblerait que le parti populaire de Mariano Rajoy en Espagne soit en passe de la détrôner. La décision de convoquer les dirigeants régionaux de la Catalogne aux fins de leur mise en détention provisoire peut s’apparenter à une balle tirée dans le pied droit de la démocratie. Si le gouvernement central avait voulu concéder une victimisation aux indépendantistes, il ne s’y serait pas pris autrement. Il leur offre ainsi sur un plateau un statut de martyr.
En décidant du recours à des élections régionales anticipées, Madrid avait certes pris un gros risque, celui de se voir contraint d’accepter un verdict des urnes qui lui serait possiblement défavorable, mais il se donnait le beau rôle, celui de garant de la démocratie et du respect des institutions légitimes. Il s’offrait ainsi de bonnes chances de remporter le scrutin et de remettre aux calendes la discussion sur l’indépendance. Or, il n’y a rien de plus volatil que l’opinion, spécialement dans un contexte où les parties en présence représentent approximativement la moitié de l’électorat. Si les indépendantistes n’ont pas remporté la majorité des voix aux dernières élections, ils n’en pèsent pas moins suffisamment pour être majoritaires en sièges, et leurs chances de remporter un référendum légal sur l’indépendance de la Catalogne sont réelles. Un déplacement de 2 % des suffrages en leur faveur suffirait à leur assurer la victoire.
Finalement, l’attitude de la justice espagnole donne raison à Carles Puigdemont qui a préféré s’exiler provisoirement à Bruxelles plutôt que de se présenter à la convocation des juges, car il pensait qu’il ne pourrait pas bénéficier de sa liberté de mouvement et du droit à se défendre devant ses accusateurs. Craintes confirmées par l’arrestation et la mise en détention provisoire de 8 des ministres du gouvernement catalan et l’émission d’un mandat d’arrêt européen contre lui et 4 ministres qui l’accompagnent en Belgique. Comment ne pas y voir une tentative de priver les indépendantistes de leurs capacités à faire campagne et à les présenter comme des criminels de droit commun ? Ils sont en effet poursuivis pour « sédition, rébellion, désobéissance à l’autorité » et plus anecdotique en apparence, « détournement de fonds publics ».
Comme je n’ai pas vu venir le Brexit ni l’élection de Donald Trump, je me garderai bien d’émettre le moindre pronostic sur le résultat des élections prévues fin décembre. Quel que soit ce résultat, le gouvernement de Mariano Rajoy n’en sortira pas grandi et il faudra bien, tôt ou tard, entamer des discussions pour résoudre le problème catalan, comme la France a dû résoudre celui de la Nouvelle-Calédonie, dans un tout autre contexte.