La victoire en chantant

Décidément, Macron vole de victoire en victoire. Enfin, c’est ce qu’il dit. C’est de bonne guerre, même si ça fait un peu « Ancien Monde » et communication à la papa. Le principal, c’est d’occuper le terrain, et de démontrer que le président tient les promesses du candidat, même s’il faut parfois tordre un peu la réalité pour y parvenir. Ainsi en va-t-il de la décision européenne concernant les travailleurs détachés, une énorme épine dans le pied des pays en butte comme la France à un dumping social massif.

La diplomatie française peut se prévaloir d’avoir convaincu une majorité de pays de l’Union européenne de voter un texte limitant à un an la possibilité de détachement des travailleurs dans un autre pays, alors que la plupart des pays de l’Est y étaient opposés. Quelques bémols doivent cependant être mis à la clé. La durée maximale pourra être prolongée de 6 mois à la demande du pays d’origine, et de toute façon la durée moyenne de détachement est inférieure à 4 mois actuellement et descend même à 33 jours en France. Pour être sûr d’obtenir l’accord des pays liés par le pacte de Visegrad, Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie, la question des transports, la plus épineuse, a été reportée à une autre négociation, qui se présente comme compliquée. Le fond de la question, ce sont bien entendu les disparités criantes de rémunération et de droits sociaux dans les différents pays de l’Union, où le coût d’une heure de travail peut aller du simple au décuple.

La nouvelle législation, comme l’ancienne, n’imposera de s’aligner que sur la partie salaire, et non sur les cotisations sociales, qui resteront disparates. Et ceci sans compter les risques de fraude, voire d’escroquerie pure et simple, comme lorsque des sous-traitants des Chantiers de l’Atlantique avaient abandonné en rase campagne, sans les payer, des travailleurs étrangers, non communautaires ceux-là. Cela n’empêchera pas notre coq national de chanter cocorico avant de s’attaquer au glyphosate dans un ordre plus que dispersé où une vache ne retrouverait pas ses petits, entre un ministre de l’agriculture plus flou que jamais, Nicolas Hulot qui tente de passer en force sur une interdiction à court terme, et un gouvernement prêt à louvoyer et à naviguer à vue, du moment qu’il peut afficher une victoire de façade. De l’art du compromis à celui de la compromission, il n’y a qu’un pas. Nous en avons l’illustration avec la mise en œuvre du pacte transatlantique avec le Canada, où l’on s’aperçoit que des points primordiaux sont loin d’être réglés, alors même que l’accord est en passe de s’appliquer. À force de remporter les batailles, nous sommes bel et bien en train de perdre la guerre commerciale qu’on nous impose.

Commentaires  

#1 jacotte 86 25-10-2017 11:23
L'épine n'est pas tout à fait arrachée, les mesures ne prendront effet qu'en 2022...encore un tour de passe-passe et de poudre de perlimpinpin qui finira bien par ne plus tromper personne ,à repousser toutes les mesures aux calendes grecques ça va finir par faire désordre
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