L’économie à pile ou face
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 21 octobre 2017 10:36
- Écrit par Claude Séné
On connaissait déjà l’économie pour les nuls. En gros, c’est ce que les gouvernements successifs ont fait depuis que le mot existe, avec des fortunes diverses. Pendant ce que l’on a appelé les 30 glorieuses, une période de croissance continue, les errements et l’application scrupuleuse d’une doctrine invérifiable n’ont pas eu de conséquences visibles sur la prospérité du pays, entretenant la croyance selon laquelle l’économie était une science exacte, parfaitement maîtrisée par les experts. Il suffisait d’attendre la fin d’un cycle pour embrayer sur le suivant.
C’était compter sans l’impatience et l’avidité des spéculateurs, jamais à court d’inventions pour maximiser leurs profits. Ces agitateurs incontrôlables ont créé de toutes pièces des bulles déconnectées de l’économie réelle, leur permettant d’engranger rapidement des bénéfices substantiels en se moquant bien des conséquences, c’est-à-dire la ruine des petits épargnants et le renflouement des banques imprudentes par les contribuables. Pour tenter d’infléchir ces soubresauts dus à la crise spéculative, le gouvernement précédent a bien tenté de réagir. Il a essayé d’amener le patronat à créer de l’emploi en déversant une manne financière pour reconstituer ses profits, avec les résultats que l’on sait. Le million d’emplois promis par Mr Gattaz est resté un vœu pieux. Alors Emmanuel Macron a décidé d’en finir avec le volontarisme et de s’en remettre à sa bonne étoile. Les cadeaux faits aux riches seront sans condition, sans contrepartie. On va se contenter de croiser les doigts, en espérant que ces gâteries fiscales inciteront les plus fortunés à rester ou à revenir en France. Il leur suffira de continuer à immatriculer leurs yachts à l’étranger.
Le gouvernement admet qu’il s’agit là d’une forme de pari, qui n’est pas sans rappeler celui de Blaise Pascal sur l’existence de Dieu, que Jacques Prévert avait qualifié de stupide. Je ne suis pas loin de penser que les Français, au travers du gouvernement dont ils se sont dotés à leur corps défendant, sont en effet engagés dans un jeu similaire à celui du « qui perd perd » de Coluche où le candidat peut tout perdre, y compris son propre argent dans une sorte de jeu de cons. Mais d’où viendra l’argent, me direz-vous ? De notre poche, comme d’habitude, mais au travers d’un bonneteau fiscal destiné à embrouiller les choses et empêcher la compréhension des mécanismes. D’un côté, on augmente la CSG, de l’autre on diminue la taxe d’habitation, mais pas pour les mêmes, on baisse les APL, mais on supprime aussi des cotisations sociales, j’en passe et des meilleures. Tant et si bien que bien malin celui qui saura retrouver sous quel gobelet se trouve l’as de trèfle ! Pile, je gagne, et face, tu perds.