Promesse tenue

Le fait n’est pas si courant qu’il ne mérite un coup de chapeau. L’actuel chef de l’état l’avait promis, il a tenu parole. Il a donc mis à exécution son projet de donner à son épouse un rôle officiel. Pour être honnête, cet engagement, il l’avait surtout pris envers Brigitte, sa femme, bien plus qu’à l’égard des Français, massivement indifférents aux faits et gestes de celle que l’on appelle improprement et faute de mieux la première dame. Pire encore, ceux qui s’intéressent au sujet ont manifesté leur opposition au projet de statut de l’épouse du président en signant en nombre une pétition sur Internet.

Pas de quoi faire reculer le chef de l’état, qui préfère affronter la grogne des Français que de courroucer son épouse, sans laquelle il ne peut visiblement pas faire quoi que ce soit, y compris satisfaire ses fonctions naturelles. Il a toutefois amendé quelque peu son projet en renonçant à créer un véritable statut et en se contentant d’en ériger un simple socle sous la forme d’une charte de transparence, qui ne sera applicable qu’à la chère et tendre dame de ses pensées. Grâce à quoi nous apprenons avec satisfaction que pas plus qu’aucune de celles qui l’ont précédée, officiellement ou officieusement, Brigitte Macron ne percevra de rémunération à raison de ses fonctions. Il n’aurait plus manqué que cela, au moment où l’Assemblée nationale vient de voter une loi interdisant les emplois familiaux pour les parlementaires. Et quelles sont ces missions remplies à titre bénévole par Mme Macron ? Essentiellement tenir compagnie à son mari lors des visites officielles, ou accueillir les épouses des présidents étrangers pendant leurs séjours en France. Rien de bien nouveau sous le soleil, donc, si l’on ajoute que Brigitte Macron pourra avoir ses « pièces jaunes » en faveur de causes éducatives ou humanitaires.

Mais l’essentiel n’est pas là. Au détour de l’interview donnée par Brigitte Macron au magazine Elle, on apprend incidemment que le président la consulte systématiquement avant de prendre la moindre décision et qu’elle ne se prive jamais de donner son avis, quel que soit le sujet. Même si c’est le chef de l’État qui tranche, on souhaite que cette Madame de Maintenant ne lui conseille jamais d’entraîner la France dans des décisions aventureuses. Faisant preuve d’un sens de l’humour qu’on ne lui connaissait pas, la première dame malgré nous a indiqué que le seul défaut d’Emmanuel Macron, c’était d’être plus jeune qu’elle, paraphrasant la formule d’Arnaud Montebourg alors porte-parole de Ségolène Royal à propos de son compagnon, un certain François Hollande. À moins que ce ne soit la pure et simple vérité ?