On se lève tous pour Muriel
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 28 juillet 2017 10:41
- Écrit par Claude Séné
C’est le journal communiste l’Humanité qui a levé le lièvre. Muriel Pénicaud, ministre du travail, déjà empêtrée dans l’affaire Business France qui avait commandité la venue d’Emmanuel Macron à Las Vegas sans appel d’offres, a bénéficié d’une plus-value de plus d’un million d’euros quand elle travaillait pour le groupe Danone. Si l’opération semble légale, elle apparait très contestable sur le plan moral, dont la majorité macroniste se gargarise en théorie sinon en pratique. Après le cas Ferrand, démissionné pour ses activités juteuses au sein des Mutuelles de Bretagne, cela fait plutôt mauvais effet.
Quand Muriel Pénicaud était directrice des ressources humaines du groupe Danone, une part de sa rémunération lui a été attribuée sous forme de stock-options. Il s’agit d’actions de l’entreprise, cédées à un prix préférentiel, pouvant être revendues au prix du marché au bout d’un délai de 4 à 5 ans en général. Une pratique légale, mais vivement contestée dans la mesure où elle permet d’accroitre considérablement les rémunérations des dirigeants, sans augmenter la partie proprement salariale. Couplée à une retraite « chapeau », à une prime de départ ou de bienvenue, voire des deux, cette mesure aboutit à des écarts de rémunérations indécents. Ce qui rend l’affaire encore plus scandaleuse, c’est que Muriel Pénicaud a bénéficié de l‘emballement boursier de l’action de Danone à la suite du licenciement de 900 personnes, alors que l’entreprise était bénéficiaire. Un plan social organisé et mis en œuvre par la DRH elle-même.
Nous sommes très loin des idéaux de dirigeants désintéressés, presque de bienfaiteurs de l’humanité, que l’on a semblé vouloir nous vendre avec le « renouvellement » de la classe politique. Si les nouveaux dirigeants sont pour certains des néophytes en politique, ce ne sont pas pour autant des perdreaux de l’année et ils savent parfaitement de quel côté leur tartine est beurrée. Ils ne sont pas non plus dans le besoin financièrement et ils ont su exploiter le système dont ils prétendent s’affranchir. Comment pourraient-ils aller contre leurs intérêts de classe et prendre des décisions à l’encontre de leurs semblables, dirigeants d’entreprise, cadres bien payés, détenteurs de patrimoines colossaux ? L’affaire Pénicaud en restera probablement là sur le plan judiciaire, mais elle démontre une fois de plus les vices cachés d’un système rongé jusqu’à l’os, où le seul ressort est l’appât du gain. Il ne faut pas croire que ces dérapages sont accidentels. Ils sont consubstantiels à l’organisation de la société, qui ne pourra maintenir un semblant d’égalité que par des actions volontaristes de correction des injustices induites par le système.