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Selfie officiel

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Catégorie : Diabloguiste

Publié le vendredi 30 juin 2017 11:03

Écrit par Claude Séné

Ça valait vraiment le coup d’attendre. Alors que le portrait officiel de François Hollande pris par Raymond Depardon dans les jardins de l’Élysée avait été rendu public le 6 juin, celui d’Emmanuel Macron, le président 2.0, a été diffusé sur les réseaux sociaux le 29 juin, soit 3 bonnes semaines de réflexion en plus. Si vous n’avez pas encore eu la chance de le voir, rassurez-vous, vous aurez encore cinq années, et plus si affinités, pour le découvrir dans toutes les mairies de France et de Navarre.

Plus d’un mois de réflexion donc pour la photographe officielle du président pour peaufiner l’image que veut donner Macron à la postérité, et, comment dire, le résultat est, disons, plutôt curieux. On dirait que le président a pris un selfie, passablement raté, en se disant que ça irait bien comme ça. Pourtant le décor a été soigneusement sélectionné, chaque détail a été pensé pour sa charge symbolique. Dans le making of de la séance photo, on voit le président choisir lui-même le passage du livre ouvert sur le bureau, les mémoires de guerre du Général de Gaulle, accompagné du Rouge et le Noir de Stendhal et les Nourritures terrestres de Gide, et disposer ses deux iPhones légèrement décalés, bien en évidence. Dans le cadre, trop serré selon les spécialistes, on voit également les drapeaux français et européen sur un fond de verdure pour le côté écolo, une horloge rappelant qu’il est maitre du temps, une statuette faisant partie d’un encrier, et surtout le président lui-même, en majesté, faussement décontracté, appuyé à son bureau, dans une pose que les internautes ont comparée à celle d’un haltérophile s’apprêtant à faire un épaulé jeté.

Les photographes professionnels ont noté la symétrie peu esthétique du cliché, l’abondance de maquillage, l’éclairage un peu cru, sans compter les trois jours de postproduction avec Photoshop destinés à gommer toutes les imperfections éventuelles. Pour les profanes, dont je fais partie, on remarque surtout le côté étriqué du personnage, dans un costume trop ajusté, avec une expression du visage peu déchiffrable, pouvant passer pour de la suffisance, comme si sa pensée profonde signifiait : « oui, je suis président, et alors ? » Si la France et le monde ont été surpris de se retrouver avec un président aussi jeune et inexpérimenté, ce n’est pas son cas. Il semble considérer tout cela comme très normal et compte bien pousser son avantage jusqu’aux limites du raisonnable, comme le prouve sa convocation du congrès à Versailles à la veille de la déclaration de politique générale du Premier ministre. À travers les maladresses mêmes du cliché officiel, c’est toute son arrogance que la photographe a captée, peut-être à son insu.

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