De quoi se plaint-on ?

Cette fois, Judith Godrèche est allée au bout de sa logique en déposant une plainte en bonne et due forme contre le réalisateur Benoît Jacquot pour des « viols avec violences » s’étant déroulés alors qu’elle n’avait que 14 ans et lui la quarantaine bien sonnée. Il lui aura fallu beaucoup de courage et de détermination pour franchir le pas, d’abord de révéler une situation dont l’opinion pouvait la rendre responsable partiellement ou totalement, tant le mythe de la séduction des hommes « mûrs » par leurs victimes a la vie dure, malgré l’apparent progrès des mentalités grâce au mouvement « me too ».

De la théorie à la pratique

En matière de politique et de fonctionnement des institutions, il y a autant d’espace de la théorie à la pratique qu’il y en a entre la coupe et les lèvres. Selon la Constitution, le gouvernement est nommé par le président de la République, sur proposition du Premier ministre, et les futurs ministres sont supposés attendre patiemment que le téléphone veuille bien sonner pour leur proposer un maroquin. En général, il s’agit d’une proposition du genre de celles qu’on ne peut pas refuser. Sauf quand on s’appelle François Bayrou, qui est tellement imbu de sa personne qu’il n’envisage pas de participer à un gouvernement autrement qu’à ses propres conditions.

Big Brother

Lorsque Georges Orwell publiait en 1949 son roman d’anticipation intitulé 1984, il imaginait un futur dans lequel les libertés individuelles étaient totalement abolies, et où les citoyens étaient sous la surveillance constante du pouvoir, symbolisé par cette figure du « Grand frère » qui asservissait les gens sous couleur de les protéger. Bien entendu, les choses ne tournent jamais comme on le suppose, et la réalité dépasse souvent la fiction. L’état n’est pas omniprésent ni omniscient dans les pays démocratiques tels que le nôtre, malgré la prolifération parfois massive des caméras de surveillance, en particulier dans les municipalités conservatrices.

L’homme qui murmurait à l’oreille du Président

En France, on ne commente pas une décision de justice, même quand elle touche des personnes publiques qui font profession de mener les affaires du pays et se doivent de faire preuve d’exemplarité. Je n’aurais donc pas émis le moindre avis sur la relaxe de François Bayrou à l’issue de son procès en correctionnelle, s’il n’avait pas lui-même mis le sujet sur la table, en déclarant que son innocence avait été reconnue. On peut comprendre le soulagement de l’homme politique de ne pas avoir été condamné dans ce procès où étaient jugées 8 personnalités du Modem, ainsi que ce parti en tant que personne morale et son prédécesseur, l’UDF.