Aveugle ou éclairée
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 2 décembre 2014 10:40
- Écrit par Claude Séné
L’allégorie de la Justice la représente sous les traits d’une femme tenant un glaive vengeur dans une main et une balance symbolisant l’équilibre du jugement dans l’autre. Le bandeau qui ceint son visage et l’empêche de voir est censé quant à lui évoquer l’impartialité qui doit présider à son action. Ne reconnaissant aucune des parties, la justice s’aveugle volontairement pour n’en favoriser aucune. Cette belle figure n’est que trop rarement vérifiée par les faits.
J’en veux pour premier exemple le tout récent jugement de l’ancien président égyptien, Hosni Moubarak, qui comparaissait pour répondre des accusations de complicité de meurtre pour avoir fait tirer sur la foule des manifestants qui réclamaient son départ en 2011. En première instance, Hosni Moubarak avait été condamné à la perpétuité, et voilà que le tribunal renonce à toute poursuite et le relaxe purement et simplement dans cette affaire. Tout rapprochement avec l’élection du nouvel homme fort du régime, le général Sissi, serait évidemment tout sauf fortuit. J’ai conscience en disant cela que je porte atteinte à la bonne réputation de la justice égyptienne, mais je ne vois pas pourquoi je me gênerais, si je me réfère à un deuxième exemple, français celui-là, qui intervient dans un même passé récent.
Il s’agit cette fois du député Henri Guaino, qui comparaissait en correctionnelle pour outrage à magistrat après des propos très violents à l’égard du juge Gentil, accusé d’avoir déshonoré sa profession et le pays tout entier, rien de moins, en ayant l’outrecuidance de mettre en examen Saint Nicolas Sarkozy en personne pour abus de faiblesse sur la personne de Mme Bettencourt. Il parait que Mr Guaino ne faisait qu’user de sa liberté d’expression en exprimant son opinion sur le travail de Mr Gentil, et il a donc été purement et simplement relaxé. Amusez-vous à exprimer votre opinion sur le travail d’un policier qui vous rudoierait un tantinet dans un contrôle d’identité à supposer que vous soyez un jeune de cité et vous verrez si vous n’écopez pas d’un petit quelque chose pour vous apprendre qui commande dans notre société. Moyennant quoi, notre papa Guaino, tel le perroquet de la Flute enchantée, peut continuer à se pavaner sur les plateaux de télévision en toute impunité.
Au lieu de l’hypocrite bandeau qui empêche la justice d’y voir clair, il lui faudrait une paire de lunettes pour redresser les innombrables injustices qui défigurent notre société.