Démoralisation de la vie politique
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 26 mai 2017 09:37
- Écrit par Claude Séné
Une affaire ? vous avez vu une affaire, vous ? La défense du ministre de la Cohésion des territoires est d’une simplicité évangélique. Pour qu’il y ait une affaire, il faut qu’il y ait une culpabilité et Richard Ferrand n’a commis aucune faute, ni légale ni morale. La preuve, c’est qu’il nous le dit et ça devrait nous suffire largement. Selon le ministre, si les mutuelles de Bretagne, dont il était le directeur, ont choisi de louer des locaux à son épouse, c’est pure coïncidence.
Que Madame Sandrine Doucen, avocate brestoise et femme du futur ministre, ait réalisé au passage une excellente transaction immobilière, tant mieux pour elle. Rien d’illégal là-dedans, parait-il. Admettons-le, sous réserve de vérification. Car enfin, les locaux en question n’étaient même pas encore propriété de la SCI qui allait finaliser le bail avec les mutuelles. Mieux encore, ce sont les mutuelles qui ont payé les frais de rénovation, donnant une plus-value importante aux locaux en question. La SCI n’a eu aucun mal à emprunter l’argent nécessaire à l’acquisition, du fait que des loyers garantis couvraient les remboursements. Une opération « blanche » qui valorisait les parts de la SCI de 3 000 fois leur prix en 6 ans.
Selon Richard Ferrand, la mutuelle a fait une bonne affaire avec des locaux moins chers et plus fonctionnels que les offres concurrentes. C’est possible, mais Mme Doucen, elle, a fait une « culbute » digne des meilleurs spéculateurs. Elle a bénéficié, au minimum d’une information qui s’apparente à un délit d’initié, et son mari a été manifestement pris dans un conflit d’intérêts qui aurait dû lui interdire de laisser son épouse participer à cet appel d’offres. Je ne sais pas si de tels agissements devraient amener le ministre à présenter sa démission, comme le réclament la droite et l’extrême droite, pourtant très mal placées pour donner des leçons de morale après l’affaire Pénélope et les assistants parlementaires fictifs du FN. Ce dont je suis sûr, c’est que la loi sur la moralisation de la vie politique que le gouvernement doit présenter très rapidement pourrait bien être mort-née si elle commence par admettre des exceptions de cette nature. La meilleure preuve en est que le tout nouveau Garde des Sceaux, François Bayrou, qui a fait de cette exigence la pierre angulaire de son alliance avec Emmanuel Macron, refuse obstinément de faire la moindre déclaration à ce sujet. Si ce silence ne vaut pas condamnation, il n’augure rien de bon sur la carrière du bras droit du président, qui pourrait bien avoir obtenu ici son bâton de Maréchal, si l’on m’autorise ce mauvais jeu de mots, et son accession à une retraite anticipée.
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