Refus d’obstacle
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 17 novembre 2014 10:16
- Écrit par Claude Séné
Il y a plusieurs lectures de la prise de position du candidat Sarkozy en faveur de l’abrogation de la loi Taubira concernant le mariage homosexuel. Selon Hervé Mariton, qui a toujours combattu cette loi et qui a défilé dans les rangs de la manif pour tous, ce serait une tactique mûrement réfléchie, une manœuvre de dernière minute, destinée à lui « siphonner des voix » dans la course à la présidence de l’UMP.
Je ne pense pas l’ancien président incapable de se livrer à des contorsions dont il a déjà fait montre en 2007 puis en 2012 pour essayer de se concilier les bonnes grâces de l’extrême droite avec des fortunes diverses, mais en l’occurrence ce n’est pas faire injure à Hervé Mariton que de le qualifier d’extrême outsider : le jeu n’en vaudrait pas la chandelle. L’hypothèse qui me parait la plus probable c’est que Sarkozy aurait préféré rester dans une position floue, voire ambigüe en évitant de se prononcer sur le sujet, ce qu’il avait réussi pendant ses précédents meetings. Confronté à une salle très abrogationniste, il a voulu éviter la bordée de sifflets qu’a essuyée son concurrent le plus sérieux, Bruno Lemaire, qui a eu le courage d’assumer ses positions, lui qui s’est abstenu au moment du vote de la loi, et qui avance que celle-ci ne sera pas abrogée en cas de retour de la droite « républicaine ».
Après avoir tourné autour du pot en défendant deux « mariages » , sur la pression de l’assistance, Sarkozy a donc lâché le mot abrogation, pour leur faire plaisir en précisant que ça ne coûtait pas cher. C’est ce que l’on appelle caresser dans le sens du poil ou je me trompe ? Des lacaniens y verraient une illustration du fameux proverbe selon lequel les promesses n’engagent que ceux qui les croient. N’oublions pas qu’après avoir dit pis que pendre des 35 heures, Sarkozy ne les a jamais abrogées quand il en avait le pouvoir. Il sera plus difficile de « détricoter » les familles homoparentales en leur reprenant les maigres avantages péniblement gagnés.
Voilà qui éclaire d’un jour nouveau celui qui se vantait récemment (et faussement) de n’avoir jamais reculé devant la pression de la rue. Il illustre parfaitement cet adage qui dit : « je suis bien obligé de les suivre puisque je suis leur chef ».