C’est pas sorcier !

Rosetta va larguer le robot Philae sur la comète Tchouri, plus précisément, à Agilkia. Si vous n’êtes pas au courant, c’est que vous habitez dans un autre système solaire, et que vous êtes donc la preuve vivante qu’une autre forme de vie existe, et qu’elle est apparemment intelligente. Si, si ! Tout a été dit sur cet évènement, mais les médias partent du principe que nous savons déjà tout sur tout, et ne se donnent plus la peine de nous le rappeler.

 

Permettez-moi de vous rafraichir les idées. Et d’abord sur l’origine de tous ces noms, poétiques ou mystérieux. Selon le livre de la Genèse, Dieu a donné à Adam le pouvoir (et même le devoir) de nommer les animaux, car « nommer c’est à la fois savoir et avoir ». Pour la comète elle-même, c’est facile : les objets astronomiques reçoivent le nom de leurs découvreurs, en l’occurrence Klim Ivanovitch Tchourioumov et Svetlana Ivanovna Guérassimenko, deux astrophysiciens soviétiques devenus ukrainiens. Jusque-là, tout va bien. La sonde qui a été envoyée il y a 10 ans pour l’étudier porte le nom de Rosetta, en référence à la fameuse pierre de Rosette, une localité égyptienne dont le nom local est El-Rashid, un fragment de stèle qui permit à Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes. Certains chercheurs espèrent que l’analyse des composants de la comète nous apporteront des explications sur l’origine de la vie, pas moins.

Le petit robot qui doit se poser sur la surface de la comète s’appelle Philae, parce que c’est le nom d’une île égyptienne du Nil sur laquelle on a retrouvé un obélisque qui a permis de travailler sur la pierre de Rosette. Et le site où il doit se poser a été logiquement baptisé Agilkia, en référence à cette autre île où ont été déplacés les vestiges des temples de Philae menacés par la montée des eaux après la construction du barrage d’Assouan.

Les présentations étant faites, place aux images. Et là, je vous l’avoue, je suis un peu déçu. Autant une comète vue de loin a une aura romantique, comme une étoile filante gigantesque, avec sa chevelure et sa queue qui ont inspiré bien des poètes, autant, approchée au télescope géant, elle ne ressemble plus qu’à un gros astéroïde, un vulgaire caillou géant, à la surface grêlée d’impacts. Si l’on ajoute que Rosetta et Philae ressemblent à des legos, ou même aux antiques mécanos, on aura compris que la magie réclame un certain mystère pour opérer. On pourra toujours se consoler en allant voir Interstellar au cinéma.