Tir aux pigeons

Il ne s’agit pas de la fusillade qui a secoué le Canada hier, semant la panique à travers le pays, mais ça y ressemble un peu. Ça canarde à tout va à la gauche du Parti socialiste, au point que l’on peut se demander si les pigeons que l’on dégomme sont bien en argile. Ce genre d’épisode pourrait laisser des traces et les blessures, bien réelles, ne semblent pas près de se refermer.

 

Je sais bien que les disputes dans la famille socialiste font partie du folklore et qu’elles n’ont jamais été aussi violentes que lorsque le parti était au pouvoir et disposait d’une large majorité à l’Assemblée nationale. C’est bien connu, devant l’adversité et quand on est peu nombreux, on a plus tendance à resserrer les rangs. Les affrontements entre les tenants d’une ligne plus libérale et ceux d’une orthodoxie plus marxiste trouvaient un exutoire dans les congrès où la confrontation trouvait sa résolution dans une synthèse salvatrice. Passé maitre à ce petit jeu, François Hollande a ainsi bénéficié longtemps de la neutralisation des tendances opposées. À présent, les oppositions s’additionnent et les ennuis (pour rester poli) volent en escadrille.

Le discours de politique générale de Manuel Valls avait été boudé par 33 députés socialistes, qualifiés de « frondeurs ». Cette fois, ce sont 39 députés qui ont manqué à l’appel pour les recettes du budget 2015, qui n’ont été adoptées qu’à une faible majorité. Il souffle depuis lors un vent d’exclusion. Stéphane Le Foll  a demandé la tête de Benoit Hamon, mais pas celle d’Aurélie Philipetti, pourtant dans la même situation d’ancien ministre, pas plus que celle de Delphine Batho, qui a signé un livre très contestataire paru récemment. Silence radio sur Arnaud Montebourg ou Martine Aubry, dont les positions sur la politique suivie actuellement sont tout aussi critiques. Loin de se montrer déstabilisé par le climat ambiant, Manuel Valls en a remis une couche en évoquant l’éventualité d’une refondation du PS en une nouvelle formation politique, dont on imagine sans peine qu’elle serait recentrée, dans tous les sens du terme, autour de sa personne.

Pour se sortir de l’impasse dans laquelle il se trouve et où il entraine le pays, le PS devrait employer son remède habituel, un congrès. Il reste à trouver une date qui convienne à tous, mais le plus tôt sera le mieux.