Connaissance du monde

Dans une autre vie, j’ai eu l’occasion de côtoyer des conférenciers de l’association Connaissance du monde, vous savez, ces reporters qui présentent leurs documentaires consacrés à un pays ou une région, et qui se prêtent au jeu des questions-réponses avec leur auditoire.

 

Pour être tout à fait honnête, il s’agissait de conférenciers de seconde zone, ceux du circuit B, qui devaient faire leurs classes auprès du public scolaire avant d’accéder au statut de grand reporter. Ce qui ne les empêchait pas de se prendre pour de vrais baroudeurs et de rouler des mécaniques comme des pros. C’est que ce métier réclame un bagou de bateleur de foire et que la moitié sinon plus du succès tient dans la façon de vendre plus que dans le contenu lui-même. Pas étonnant donc que Nicolas Sarkozy se soit reconverti avec succès dans cette activité, par ailleurs fort lucrative. À 100 000 euros la conférence, même quand on a acquis des goûts de luxe au contact des plus riches, il y a de quoi s’offrir des babioles dans le style de la montre Patek Philippe à 55 000 euros que son épouse Carla lui a achetée en 2008. De l’argent facilement gagné, puisqu’au fond Sarkozy est payé pour faire la même chose auprès d’un public de banquiers que ce qu’il fait gratuitement devant un parterre de militants.

Au début de sa première conférence en tant qu’ex-président, Sarkozy s’était présenté comme « un jeune retraité », comme en attestait sa barbe de trois jours, symbole de son nouveau statut. En deux ans, il a amassé un pactole d’environ 3 millions d’euros que la plupart des retraités n’ont jamais vu « en vrai ». La pratique n’est pas nouvelle. Bill Clinton ou Gorbatchev ne s’en sont pas privés. Les choses se compliquent du fait que depuis son retour sur la scène politique française, Nicolas Sarkozy n’y a pas renoncé puisqu’il se trouvait à Séoul pas plus tard qu’hier pour une prise de parole rémunérée dans une conférence internationale.

Comme toute médaille a son avers, il n’est pas impossible que cette image d’intéressement ne soit pas étrangère à sa chute dans les sondages. Si populaire et demandé à l’étranger, l’ex-président se voit devancé par ses rivaux parmi les sympathisants de son camp, même s’il garde encore la cote auprès des militants UMP. Pour combien de temps ?