Mes nouveaux amis
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 21 décembre 2015 10:29
- Écrit par Claude Séné
La publicité d’Engie aurait dû me mettre sur la voie, elle qui proclame : « le monde change, vous avez remarqué, les contacts sont devenus des amis ». Et en effet, est-ce une conséquence de la proximité des fêtes, il y a un nombre considérable de personnes que je découvre faire partie de mes relations, presque de mon intimité, si j’en juge par les messages plutôt familiers qui me sont envoyés en ce moment. La plupart s’adressent à moi en toute simplicité, m’appelant par mon prénom et usant du leur pour se présenter, sans chichis, entre vieux amis.
Il y a François, qui vend sa maison sans commissions, Sophie, la grande sportive, Esmeralda, pour mon avenir, une certaine Julie Lala, pour le shopping, Ophélie, pour mes projets, Samuel, pour mes dettes, le baron Philippe de Rothschild, pas pour mes économies, mais pour du vin, Lara et son astrologie chinoise, Léon de Bruxelles avec ses chocolats, Laetitia, pour une formation, Vincent, pour ma Peugeot, Sarah et sa grenade, Pauline, pour ma libido, Quentin, qui sait ce qui va m’arriver, Florent qui « offre » le champagne, Mathilde, pour mes chemises, Gaëlle et ses idées cadeaux, Géraldine, qui me prend visiblement pour une autre, Sophie pour ses pneus, Chris, encore un astrologue, Steven qui me propose un corset minceur, le goujat, Isabella, prédictions en tous genres, Cécile, peintures diverses, Sarah, pour jeûner en paix, Frank, maroquineries variées ou Talika pour un soin nuit hydratant intense offert. Je crois que je vais prendre ça : j’en ai bien besoin après toutes ces sollicitations.
J’oubliais, il y a une certaine Amazon qui insiste. À raison de dizaines de billets journaliers, sans me vanter, je crois que j’ai fait une touche, là. Par contre, ceux qui insistent pour que je m’occupe sans délai d’organiser mes obsèques, je les trouve un tantinet lourdingues, voire insistants. Tout mon temps, moi, aucunement pressé. Il va sans dire que je n’ai eu nul besoin d’inventer le moindre de ces correspondants, qui sont tous authentiques, et qui m’affirment sans rire que je reçois leur prose parce que je me serais inscrit à leur liste de diffusion, laissant planer un doute de fort mauvais aloi sur mes capacités mentales. Je vous ai fait grâce des publicités explicites qui avancent à visage découvert pour me vanter les mérites, pourtant fort attrayants, de la boutique des plaisirs ou des cadeaux gourmands, mais je parie que vous avez, vous aussi, quantité de nouveaux amis.