Sports dangereux

La mort du rugbyman néo-zélandais Jonah Lomu à l’âge de 40 ans le 18 novembre dernier est passée relativement inaperçue, coincée entre les attentats de Paris et le début de la Conférence sur le climat. Celui qui fut pour certains le plus grand joueur de tous les temps chez les All Blacks, malgré son physique impressionnant (119 kg pour 1,96 m) souffrait d’une affection rénale génétique rare. Il avait été greffé en 2004 et attendait une nouvelle transplantation quand il a succombé à une crise cardiaque. Ma première réaction en entendant la nouvelle fut, je l’avoue, de m’interroger sur les causes de sa mort.

En effet, elle survient dans un climat détestable de suspicion généralisée sur la pratique du dopage dans la plupart des sports. La fédération internationale d’athlétisme vient de suspendre la Russie pour dopage organisé, ce qui pourrait priver les athlètes russes des Jeux olympiques de Rio. Non seulement les sportifs auraient triché, mais ils auraient corrompu les instances de contrôle pour ne pas être sanctionnés. La Fédération de Russie n’a même pas fait appel, reconnaissant implicitement l’existence de ces pratiques frauduleuses. Elle n’est certainement pas un cas isolé, le Kenya est à son tour visé par le comité d’éthique.

Jusqu’ici, on parlait de dopage généralisé surtout pour le cyclisme. L’athlétisme était touché, mais on ne connaissait que la partie émergée de l’iceberg. Il faut se rendre à l’évidence : la tentation d’améliorer artificiellement les performances concerne tous les sports. J’ai toujours été impressionné par la transformation physique d’un footballeur tel que Bixente Lizarazu qui en plus de son talent certain, a pris une carrure et une musculature imposante au cours de ses contrats à l’étranger. Dans les clubs italiens, les joueurs recevaient des cocktails de médicaments dont ils ignoraient la composition, mais dont ils devaient se douter de leur action.

L’opinion couramment admise veut que les sportifs ayant recours au dopage jouent dangereusement avec leur santé. Pourtant une étude de 2013 démontrait que les anciens concurrents du Tour de France avaient 6 ans d’espérance de vie de plus que la moyenne. Ce paradoxe apparent pourrait démontrer que le sport est effectivement bon pour la santé et que les sportifs de haut niveau bénéficient d’une robuste constitution au départ, ce qui leur permet de sortir du lot et accessoirement de vivre plus longtemps. L’étude ne peut pas prouver qu’ils n‘auraient pas vécu encore plus longtemps sans ces pratiques à risques.