Coalition

La tournée diplomatique de François Hollande, qui s’est achevée par la visite chez le président Wladimir Poutine à Moscou, avait pour objectif de tenter de rassembler une grande coalition contre l’état islamique, dans l’espoir de régler militairement le fléau du terrorisme international. La définition même d’une coalition c’est son caractère circonstanciel, à la différence d’une alliance, plus durable par essence. La coalition que la France appelle de ses vœux vise à s’unir pour lutter contre un ennemi commun, Daesh, mais devrait rassembler des forces contradictoires et des pays qui n’ont pas nécessairement les mêmes intérêts.

C’est dire la difficulté de la tâche. La France fait déjà partie d’une coalition dans la région, dont la principale force de frappe est fournie par les États-Unis, qui assurent 90 % des raids menés contre l’EI en Irak et en Syrie. Les 22 pays qui forment cette coalition apportent des contributions très variables, mais souvent purement symboliques. Certains, comme l’Angleterre, frappent en Irak, mais pas en Syrie. David Cameron va tenter de persuader l’opposition travailliste de s’y engager. La pierre de touche de l’assemblage hétéroclite contre Daesh, c’est l’attitude par rapport au régime de Bachar El-Asad, dont la France demandait le départ en préalable à toute négociation, mais toujours soutenu par l’Iran et la Russie, et maintenu sous perfusion grâce aux troupes du Hezbollah. La guerre entre factions en Syrie servait de prétexte aux Turcs pour frapper les Kurdes, aux Russes pour affaiblir la rébellion contre le régime syrien et à tous pour défendre leurs intérêts particuliers. Sans oublier les conflits non résolus du Liban et des territoires occupés par Israël.

Les attentats contre la France et l’Airbus russe de Charm-el-cheik ont changé la donne. Une alliance formelle n’est sans doute pas envisageable, mais une coordination des interventions est possible, avec un renforcement des moyens fournis par les pays européens. Jusqu’à Laurent Fabius qui n’exclut pas une coopération ponctuelle avec le régime syrien contre l’état islamique. C’est un premier pas dans une lutte qui sera longue et difficile. La grande coalition, avant même d’être née, a déjà du plomb dans l’aile avec l’incident de frontière qui a vu l’aviation turque abattre un appareil russe accusé de violer son espace aérien.

La dissolution de l’état islamique, si elle intervenait, permettrait-elle de mettre fin aux attentats sur le sol français ou international ? Rien n’est moins sûr, mais elle en rendrait la logistique beaucoup plus précaire, et ce serait déjà ça.