Parlez-moi d’amour
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 22 novembre 2015 10:36
- Écrit par L'invitée du dimanche
Ou de toute autre chose qui pourrait alléger un peu le poids de la tristesse et de la consternation ambiante au point qu’on se sent coupable d’avoir envie de rire. Parlez-moi d’amour ou de tendresse et non pas d’état d’urgence et de toutes ses conséquences sur le droit d’intervenir dans la vie privée des citoyens, de renforcement de la sécurité, de nouveaux postes dans la police et dans l’armée. Cette détermination de notre chef d’État à redoubler les frappes militaires sur Racca, la décision de fermer des mosquées supposées abriter des musulmans radicalisés, toutes ces mesures ont pour mobile d’assurer notre sécurité, et sont supposées nous aider à continuer à vivre normalement, sans céder à la peur.
Je suis pourtant désolée de dire que tout ce climat produit sur moi l’effet contraire. Je veux bien considérer le principe de réalité que l’on nous répète depuis plusieurs jours, à savoir que plus rien ne sera comme avant le 13 novembre, que le terrorisme a franchi un palier, une escalade qu’il faut prendre en compte et qu’il faut s’attendre à tout moment à voir se répéter des actions violentes de la part de l’État islamique, non seulement en France, mais partout en Europe, mais alors expliquez-moi cette contradiction de continuer la vie avec cette épée de Damoclès, sans avoir la peur au ventre ! Je ne suis pas stratège politique, mais j’ai comme l’impression que tout ce que le gouvernement a décidé, c’est exactement ce qui était attendu par notre agresseur. Ce dernier, califat puissant au budget colossal et à la maitrise de toutes les activités criminelles imaginables, allant du trafic de personnes ou d’organes, aux enlèvements et rackets, trafic de drogue et vente de pétrole… et très structuré (il y a même un ministère de préparation au kamikaze) envoie ses pions endoctrinés pour semer la discorde entre les communautés, par amalgame, certains musulmans vont être montrés du doigt, fragiliser notre économie, les efforts de guerre vont être extrêmement coûteux, exacerber les différences politiques, faire le terreau de l’extrême droite, chaque courant cherchant à se montrer le plus compétent pour régler les problèmes, en soulignant les déficiences de ceux qui sont aux manettes, sans compter ce climat de peur insidieuse, mais réelle qui nous étreint tous. On nous a déclaré la guerre, et tout se passe comme si, dans la stupéfaction totale, on se demandait comment répondre à cette attaque. Il ne suffit pas de répéter à l’envi qu’il faut dépasser sa peur, la méthode Coué, ce n’est pas très efficace, j’aimerais bien qu’on me donne assez d’éléments pour que la confiance dans les décisions prises me libère de cette angoisse, dont je ne puis me séparer et qui dépasse largement celle de ma sécurité personnelle, c’est l’angoisse de voir une poignée de barbares anéantir des siècles d’efforts pour promouvoir un humanisme qu’on souhaiterait universel.
Oui, parlez-moi d’amour, de communion entre les peuples, d’héroïsme, de courage, d’abnégation, de compassion, de générosité, de tolérance, dites-moi qu’avec cela les lumières gagneront sur l’obscurantisme.
L’invitée du dimanche